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mis au fait de toute la marche de notre négociation et ne pas hésiter de me dire, que le contenu de mes dépêches avoit toujours réuni tous les suffrages de son Maître, et qu'une des causes de son mécontentement de Monsieur d'Alopéus venoit du peu d'énergie qu'il avoit mis jusqu'à présent à me seconder; que toutes mes dépêches avoient été fortes en principes et que la manière dont je m'étois prononcé eut exigé le double de vigueur et de force de la part du Ministre de Russie. Mr. de Winzingerode ayant entamé la thèse de Mr. d'Alopéus me dit ne pouvoir s'expliquer son manque total d'énergie que faute de connoître Son Maître; „Mr. d'Alopéus juge l'Empereur tel qu'il a été aux con„férences à Mémel, et il se trompe. L'Empereur est personnellement attaché au „Roi, mais il seroit au désespoir qu'on put croire que ce sentiment influat jamais le moins du monde sur sa manière de voir les choses et il en convaincra le Roi lui même." Nous convinmes de notre conduite; que j'attendrais que Mr. d'Alopéus vint au devant de moi pour me faire les premières confidences rélativement aux dépêches portées par Mr. de Winzingerode, que dans le public nous éviterions toute suspection de traiter d'affaires directement, et je le priai de passer toujours chez moi, où la surveillance à laquelle nous ne saurions échapper dans l'hôtel garni qu'il habite et qui est un des plus observés par la Police, ce dont je m'empressai de l'avertir.

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Le Général me parut étonné de m'entendre énoncer la thèse que le Général Kökeritz n'est pas de la même cathégorie que les Lombards. Je lui communiquai à ce sujet mon opinion sur le compte de cet aide de camp général, et il m'a été impossible jusqu'à présent d'en porter un jugement different de celui que j'ai eu l'honneur de soumettre à Votre Excellence par ma dépêche du 24. Septembre de l'année passée et que j'ai généralement trouvé partagé. Mr. de Kökeritz, quoique partant de motifs tout à fait differens de ceux de Lombard, a jusqu'à présent été négativement un de ses plus puissans soutiens, car tout autre homme probe et ne nourrissant d'autres vûes que celles du bien général eut à sa place fait sauter le Sécretaire du Cabinet.

Le Général Winzingerode me dit, que la conférence qu'il avoit eu la veille avec le Baron de Hardenberg relativement aux affaires de Suede, avoit été loin de le satisfaire que le Ministre s'étoit contredit plusieurs fois, et qu'entre autre, ayant soutenu que le Roi ne pouvant souffrire qu'une armée étrangère se portat à deux journées de marche de sa Capitale et établit par là même des chances de guerre à sa porte, se verroit forcé d'empêcher pareille mesure de tout son pouvoir, le Général l'interrompit pour lui demander si telle étoit la détermination invariable du Roi, et que dans ce cas, il regardoit sa Mission comme finie, le Baron de Hardenberg reprit: „empêcher, nous ne désirons pas être „dans le cas d'empêcher, mais il eut été à désirer que l'Empereur de Russie „eut voulu nous éviter cet embarras“ Mr. de Winzingerode se retrancha toujours derrière le stricte sens du traité de Gatschina, dont l'observation la plus exacte se trouvoit invariablement être conforme aux principes de Sa Majesté Impériale.

Le Général a eu hier matin une conférence de près de deux heures avec le Roi, dans laquelle il l'a entrepris sur le compte des affaires Suedoises. Il l'a trouvé d'abord dans un état d'embarras, qui lui est naturel dès qu'il est forcé de s'expliquer personnellement sur une affaire quelconque. Il a repété plusieurs fois qu'il ne souffriroit jamais que le Roi de Suède adoptat des mesures

offensives dans ses provinces allemandes, que l'intérêt même de sa Monarchie lui en fesoit une loi etc. Mr. de Winzingerode s'est borné au stricte sens de ses instructions et a toujours repliqué à Sa Majesté, que l'Empereur ne connoissant point de biais dans l'execution de ses engagemens, n'hesiteroit pas un moment à fournir au Roi de Suède les secours stipulés par le traité de Gatschina dès qu'il l'en requereroit. Le Roi revint toujours à l'impossibilité de souffrir qu'une armée étrangère se trouvat à 30 milles de sa Capitale, et qu'une nouvelle s'établit à 20 milles dans le flanc de sa Monarchie et traita de Sophismes les argumens qui le Général tiroit du traité existant entre la Suede et la Russie. Monsieur de Winzingerode convint du désagrement de cette position, et lui fit entrevoir qu'un moyen très simple de sortir de cet embarras seroit celui de lier tous ses intérêts à une puissance assez forte pour le protéger contre tous les inconveniens de ce genre, et de la sincerité des sentimens de laquelle il ne pouvoit douter. Le Roi au milieu de tous ses embarras toucha l'affaire du concert et dit, que des positions difficiles, ou de grands maux à éviter devoient empêcher de calculer des inconveniens particuliers, mais qu'il n'aimoit pas personnellement ces sortes de réunions; que les affaires et les vûes de la France ne pouvoient cependant qu'effrayer sur les suites etc. Il continua toute cette conversation en révenant toujours aux mêmes points et en repétant qu'il n'entendoit rien dire sans être concerté avec son Minister, qu'il dérogeoit même à ces principes en s'entretenant directement d'objet de politique avec un étranger, et qu'il ne s'y étoit décidé qu'en faveur de la lee particulière de l'Empereur, dont Monsieur de Winzingerode avoit été porteur.

J'ai prévenu le Général Winzingerode que je soumettrai à Votre Exeellence ces differentes données; il ne m'a point chargé de communications directes de sa part, ne pouvant considerer tout ce qui s'est fait jusqu'à présent comme menant directement à un résultat quelconque. L'arrivée de la Note du Roi de Suède, la manière dont on la prendra décideront des mesures relatives à cette affaire. Celle du concert n'est point encore directement entamée; Mr. d'Alopéus est chargé des communications y relatives.

Il seroit superflu de dire à Votre Excellence l'étendue de la sensation générale que causent ici l'arrivée et les negociations du Général Russe. Nous ne nous trouvons nullement compromis jusqu'à présent, tout le public n'attribuant l'Envoy de Mr. de Winzingerode qu'aux affaires de la Suede, et tons nos soins reunis tendront constamment vers ce but. Monsieur de Laforet seul en conformité des principes pacifiques de son Gouvernement mis en avant dans toutes les feuilles publiques et pronés par tous ses partisans, a eu l'air vis-à-vis de plusieurs personnes de supposer dans sa Mission des pourparlers rélatifs à la médiation.

Monsieur de Winzingerode vient de me dire avoir reçu des nouvelles du Prince Czartorisky, qui lui reparle de rapports des Généraux Russes commandans sur les frontières, et qui fesoient de nouveau mention d'armemens prnssiens, de formation de Magazins etc. Monsieur d'Alopéus ayant demandé au Baron de Hardenberg raison de ces bruits inquiétans, le Ministre a répondu ne pouvoir se les expliquer que par des achats de grains destinés à remplacer dans les differens magazins les secours, que le Roi a accordés l'année passée aux Provinces, où les recoltes ont manqué entièrement; il lui a donné en même tems sa parole d'honneur, que nul rassemblement militaire n'avoit eu lieu jusqu'à

présent. Le Général Winzingerode n'a point trouvé lieu de douter de la verité de l'assertion du Ministre d'après les données, qu'il s'est empressé de recueillir sur les points de la frontière, qu'il vient de traverser, et il suppose les bruits répandus à Pétersbourg ou faux ou du moins très amplifiés. Tous les renseignemens que j'ai pu me procurer ici me confirment dans cette même opinion. Je suis avec respect etc. etc.

16.

Au Comte de Metternich.

Vienne, le 9. Mai 1805.

L'intention de Sa Majesté est, que vous communiquiez nos dépêches d'aujourd'hui à Mr. le Général Baron de Winzingerode encore avant d'en faire usage auprès du Ministère Prussien.

En les redigeant on a eu principalement en vue:

1o La grande vraisemblance qu'il y a que le Roi ne se décidera jamais à entrer dans un concert serieux avec les deux Cours Impériales, à moins que les choses n'en soient venues à des extrémités qui le forcent à prendre un parti décidé.

20 L'abus qui, dans de telles dispositions de S. M. Prussienne, sera toujours fait, tant qu'elles dureront, de toute confidence et ouverture transmise à la Cour de Berlin, soit par une suite de la foiblesse et fausseté du Ministère lui même, soit par la mauvaise foi de Mr. Lombard, et par l'influence que continue à exercer Mr. le Comte de Haugwitz.

En partant de ces bases, il a été jugé essentiel de ne rien communiquer en copie à Mr. le Baron de Hardenberg dont il pourroit être fait un usage nuisible en France, et en général de ne pas s'ouvrir vis-à-vis de sa Cour au delà de ce qui a déjà été fait.

Il est sans doute à prévoir que le Cabinet de Berlin voudra tirer parti de cette circonspection nécessaire de notre part pour faire suspecter à Pétersbourg la sincerité de nos intentions, et pour y trouver des prétextes propres à justifier son systême de conduite égoiste et inactif. Mais indépendamment de ce que la Cour Impériale de Russie sait trop bien apprécier la politique et les intentions du dit Cabinet pour que de pareilles ruses de sa part puissent encore l'induire en erreur, nous venons d'être informés par Mr. le Comte de Stadion, que S. M. l'Empereur Aléxandre a lui-même adopté le principe de laisser ignorer dorénavant à la Prusse ses véritables desseins, à l'égard de la crise actuelle, afin de pouvoir mieux la surprendre en son tems, lorsqu'il s'agira de ne plus garder de ménagemens vis-à-vis d'elle.

Au reste, pour vous tenir, Mr. le Comte, de même que Mr. le Baron de Winzingerode au courant des vraies dispositions de Sa Majesté, nous vous joignons ici copie des dépêches qui ont été envoyées, il y a peu de jours par Courier à Mr. le Comte de Stadion.

Sans doute que le dit Général aura déjà été informé entretems par sa Cour de la teneur d'un Traité signé depuis peu avec l'Angleterre, et auquel notre dernière dépêche au Comte de Stadion se rapporte, bien que nous n'en ayons

encore qu'une connoissance préalable. Nous nous flattons aussi que Mr. le Baron de Winzingerode trouvera assez naturelle notre surprise de la conclusion du dit Traité sans qu'il en ait été communiqué d'avance avec notre anguste Cour, et qu'il appréciera trop les dangers extraordinaires de notre situation actuelle pour ne pas approuver la conduite que nous suivons pour le moment. Au reste, S. M. l'Empereur a appris avec grand plaisir que Mr. le Baron de Winzingerode va recevoir l'ordre de son auguste Maître de se rendre à Vienne, nous ne désirons rien de plus que d'entrer vis-à-vis de lui dans les plus grands détails sur tous les objets qui pourront le mettre à même de juger de l'état réel des choses, et d'en rendre un compte fidèle à S. M. l'Empereur de Russie et à Mr. le Prince de Czartorisky.

Il s'entend de soi même, Mr. le Comte, que la Communication de notre dernière expédition en Russie n'aura lieu que vis-à-vis du seul Général de Winzingerode, sans en parler le moins du monde à Mr. d'Alopeus, auquel d'ailleurs vous ne ferez lecture que des mêmes dépêches dont vous êtes chargé de donner communication au Ministère de Prusse.

17.

Instruction commune à Messieurs les Comtes de Merveldt et de Metternich.

Vienne, le 6. Septembre 180

Pour les mettre en état de remplir les suprêmes intentions de l'Empereur avec le zèle dont ils ont fait preuve en toute occasion, Nous devons avant tout d'après l'autorisation de Sa Majesté et pour leur information secrète leur communiquer les pièces suivantes :

10 Le concert arrêté entre notre Cour et la Cour de Russie, le 6. Novembre 1804.

2o Le Traité conclu entre la Russie et l'Angleterre du 11. Avril de l'année

courante.

3o Nos observations sur ce Traité communiquées dans le temps à Pétersbourg, 4o Le nouveau Plan de concert qui nous a été proposé par l'Empereur Alexandre lors du voyage du Général Winzingerode à Vienne.

50 et 60 Deux Mémoires de notre Cour contenant l'adhésion de Sa Majesté à ce plan avec quelques modifications.

70 et 80 Les Conventions secrètes en forme de Declaration qui ont été conclues depuis peu entre Mrs. le Comte de Stadion, le Prince de Czartorisky et Lord Gower.

90 Un extrait de l'arrangement militaire convenu ici avec le Général Winzingerode par rapport à la marche de troupes Russes du côté des états Prussiens.

100 et 11° Concernent les délais que l'exécution de cette partie de l'arrangement a éprouvé du côté de la Russie, et les changements qui en ont résulté dans la marche de cette Cour pour parvenir à obliger celle de Berlin de se joindre aux deux Cours Impériales.

120 Des extraits des rapports des Généraux Strauch et Weyrother envoyés au devant des deux armées Russes destinées pour coopérer avec l'armée de Sa Majesté en Allemagne.

La lecture de ces pièces mettra Messieurs les Comtes de Merveldt et de Metternich suffisamment au fait de l'état actuel des choses, des mesures adoptées par la Cour de Petersbourg pour parvenir à ses fins auprès de la Prusse; enfin du rôle secondaire et très-délicat que nous avons à jouer dans l'exécution de cette partie du plan.

La mission de Mr. le Comte de Merveldt a pour but, de faciliter à Mr. le Comte de Metternich la tâche que ce rôle lui impose. Les motifs de cette mission, sont 1o de montrer une attention particulière au Roi de Prusse dans la crise importante des affaires, en lui faisant remettre la lettre confidentielle que l'Empereur Lui adresse en cette occasion par un de nos officiers Généraux les plus distingués; 2o d'informer ce Prince en détail des mesures militaires que nous venons de prendre; et 30 de régler les arrangemens militaires qui seraient à prendre entre les trois Cours, si le Roi se déterminoit à entrer dans la coalition.

Il s'y joint de notre part le motif secret, qu'un militaire déjà bien vu à la Cour de Berlin, et qui est en même temps doué des qualités les plus recommandables pourra y être d'un très-grand secours dans une époque aussi importante par l'accès immédiat qu'il aura auprès de la personne du Roi et de ses alentours, et conséquemment par la facilité qui en résultera pour lui de sonder les dispositions et d'entrer dans des explications, sans être exposé à la gêne et aux entraves attachées à la représentation diplomatique. C'est ainsi que le Colonel Baron de Stutterheim a rendu des services très-essentiels à notre Cour dans la situation à peu près semblable dans laquelle il se trouve à Petersbourg, en secondant de même Mr. l'Amb. Comte Stadion dans l'exécution de ses instructions.

L'Empereur attend un résultat pareil de la mission du Comte de Merveldt, pour autant du moins qu'on peut en espérer de la Prusse, bien persuadé qu'il regnera à cet effet entre Mrs. les Comtes de Merveldt et de Metternich le même accord qui se trouve établi entre l'Ambassadeur de Sa Majesté en Russie et le Colonel de Stutterheim, accord, qui seul, a pu les mettre en état de vaincre les difficultés qu'ils avaient à surmonter.

C'est aussi la raison pour laquelle nous avons cru devoir réunir dans la présente instruction les directions destinées à l'un et l'autre.

Parmi les motifs rapportés plus haut, les deux premiers, sont ceux qui doivent principalement servir à rendre raison de la mission dont il s'agit. Il est naturel et à sa place, que notre Cour donne à une Cour voisine et amie des temoignages particuliers d'attention et de confiance dans une telle occasion. De même donc, que c'est à Mr. le Comte de Metternich à communiquer au Ministère Prussien au moyen de notre première dépêche ostensible et de ses annexes, tout ce qui peut intéresser le Roi d'apprendre des démarches et des déterminations politiques de Sa Majesté, de même, il ne pourra que lui être agréable d'être informé par Mr. le Comte de Merveldt des dispositions militaires qui ont été prises en conséquence.

Quant au motif de convenir d'un plan militaire à concerter entre les trois Cours, en cas que celle de Berlin y accède, il est au juste milieu à observer qui exige toute la dextérité de Mr. le Comte de Merveldt. Tout en représentant à la Prusse combien son accession serait utile et décisive, et combien Sa Majesté la désire et serait prête à la faciliter par tous les égards possibles, il ne convient Onden, Desterreich u. Preußen 1813. II.

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