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Espagne prouvent, qu' avec de l'énergie, il disposoit d'une force imposante. Tout gouvernement trouvera toujours dans les momens de crise de grandes ressources dans la nation; c'est à lui à les exciter et surtout à les employer; un seul exemple de vigueur bien dirigé par un souverain, et soutenu par son peuple eût peût [être] arrêté la marche dévastatrice de Napoléon.

Ce que les Souverains d'Espagne n'ont point fait, est entrepris maintenant par la Nation; peut-être invincible sous la conduite d'un seul Chef, protégée par son climat, par ses montagnes, par la difficulté de pénétrer dans les parties les plus éloignées de son sol, entourée de mers qui mettoient de nouveaux alliés à même de lui fournir tout ce que la presqu'Isle ne produit pas, et ce qui pouvait lui manquer d'attirail de guerre, réplacée en rapport immédiat avec les immenses ressources de ses colonies en Amérique, Icette nation qui se

bat pour de Maîtres qui n'ont pas même su refuser une signature, succombera malgré ses généreux efforts. Mais l'avantage que le reste de l'Europe eût retiré du refoulement des forces françoises vers l'Espagne, qu'auroit nécessité une posture digne et conforme à leurs intérêts de la part de ses Souverains, nous le ressentons, en partie, (par des efforts étrangers à eux) par l'ajournement momentané des projects destructeurs de Napoléon contre la partie orientale du Continent.

S'il est difficile de connoître au juste les plans de Napoléon, il est possible de les éclairer par des rapprochemens qui sont bien plus du ressort d'un militaire consommé que du mien; mais des données fournies par un observateur, quelque peu instruit qu'il puisse être, mais impartial, sont précieuses pour le Chef militaire. Elles acquièrent beaucoup dans leur valeur quand elles sont basées sur des faits certains.

Votre Excellence a depuis longtems entendu parler de Camps que devoient former les armées françoises en Prusse. La disette de vivres dans plusieurs Provinces, la ruine totale des habitans des Villes servirent de prétexte, et furent pent-être un des motifs réels de ces rassemblemens, on devoit former des camps près de Stargard, de Berlin etc.

Des ordres ultérieurs leur donnèrent une direction différente, les Corps de Davoust et de Mortier (forts, y compris Saxons et Polonais, d'environ 120,000 hommes) reçurent ordre de se rassembler dans les environs de Schweidniz en Silésie. (C'est sans doute ce mouvement, qui jeta l'allarme en Bohême.)

Les Maréchaux Soult et Victor, au lieu de rester sur la droite de l'Oder, durent former deux Camps près de Neu- et Alt-Ruppin et de Rathenau [leurs divisions peuvent être évaluées à à peu près 70,000 hommes].

Un rassemblement d'à peu près 20,000 hommes dut avoir lieu à Meve, sur la Vistule.

On fit jeter (par Daru) sous main l'idée en avant, que le gouvernement Prussien allégeroit, dans un moment de pénurie extrême, ses dépenses, en remettant contre inventaire aux troupes françoises les forteresses qu'elle n'occupent pas encore en Silésie.

Ces mesures, que je puis garantir comme exactes, paroissent ajournées. On a déclaré aux autorités locales Prussiennes, qu'il n'étoit pas nécessaire que les objets de campement et les approvisionnemens fussent, jusqu' à nouvel ordre, réunis sur les lieux indiqués. Or, ces mesures ayant été conçues et ordonnées, elles avoient un but, si ce n'etoit que celui d'obvier au manque Onden, Desterreich u. Preußen 1813. II. 38

de vivres, elles subsisteroient invariablement, elles ont donc eu un but différent, et au delà de ce premier, un but que d'autres événemens ont modifié. La Cour est plus à même que moi de contrôler les mouvemens des Corps françois en Silésie, mais, il est de fait, qu' une réunion y paroît effectivement nécessitée par le manque de vivres dans les Provinces d'où on tire les troupes, qui, d'après cette dislocation, camperont dans la partie la plus fertile et la plus conservée de la Monarchie Prussienne.

Que Sa Majesté Impériale me permette de lui soumettre un aperçu, qui, portant purement sur des opérations militaires, n'est peut-être de ma part qu'un songe creux. Mais je vais la carte en main, et je calcule par analogie; toutes les campagnes de Napoléon se ressemblent.

Ne pourrait-on pas voir dans l'armée de Silésie le Corps principal qui seroit destiné à opérer sur une ligne très-courte vers le centre de la Monarchie? en pénétrant en Moravie, elle isole la Bohême, elle coupe la Gallicie, elle a 60 lieues jusqu'à Vienne, et pénétre egalement facilement en Hongrie qu'en Gallicie.

Les Camps de Rathenau et de Ruppin ne peuvent-ils pas être regardés comme les réserves de l'armée principale?

Le rassemblement près de Meve n'est visiblement qu'un Corps d'observation sur la Vistule, et assez fort pour disputer quelques importans passages.

Les mouvemens de Napoléon sont toujours concentriques, il n'agit pas sur un simple rayon, le premier contrôle de ce plan seroient donc des données certaines sur des rassemblemens de troupes dans le ci-devant Vénitien, ce qui établiroit une base d'opération dont les angles extrêmes seroient en Italie et en Silésie.

L'Autriche et la Bohême seroient conquises de fait par l'entrée de l'ennemi en Moravie, ou du moins se trouveroient tellement en arrière de la ligne, que, leur défense nous étant impossible, leur attaque seroit inutile. Le corps de Marmont pénétreroit par le bas de la Hongrie, et quelques succès de la part de l'armée d'Italie nous rejetteroient incessamment dans le centre de ce roiaume, Les armées Bavaroises et confédérées occuperoient de cette manière sans difficulté les Provinces à leur portée. Nous devons donc calculer nos mesures de défense comme si nous avions une guerre à soutenir contre la Prusse et contre la France réunies . . . . Ne sont-elles pas réunies effectivement sous un seul Chef, avec de plus puissans moyens moraux et physiques, que nous présentoient anciennement ces puissances?

Cette manoeuvre n'est sans doute possible que dans la supposition de la plus parfaite impassibilité de la Russie.

Son armée est composée de 23 Divisions dont: six en Moldavie et Valachie, avec à peu près 8 à 10 milles Cosaques.

quatre en Finlande,

quatre en Courlande, Livonie et les côtes de la Baltique,

trois qui ne bougent jamais de Sibérie et du Caucase, reste 5 Divisions dans les Provinces Polonaises, auxquelles il faut ajouter la majeure partie de la Cavalerie des divisions qui sont en Finlande.

Ces cinq divisions qui peuvent à peu près compléter le nombre de 90,000 hommes, sont donc les seules qui, dans les premiers momens d'une déclaration énergique de la Russie, pourroient compter pour nous, mais elles ne pourroient probablement commencer leurs opérations que par la reprise de la Gallicie,

contre laquelle sans doute tous les moyens moraux et militaires seroient épuisées de prime abord par les François; et pourrions-nous compter après la première défaite sur les secours d'une Puissance qui craindroit de se prononcer avant les hostilités, et ces secours ne seroient-ils pas également trop tardifs pour épuiser les chances qu' offriroit une victoire?

Je me résume.

Nous avons donc une armée d'à peu près 220,000 hommes (qui peuvent entrer en campagne), dans notre dos, et dans notre flanc en Silésie et en Prusse. Cette armée devoit naguères se partager en une première ligne, une réserve et un corps d'observation sur la Vistule.

Les ordres qui devoient répartir ainsi l'armée, ne s'exécutent pas dans ce

moment.

Il y a donc un motif à cet ajournement, et ce motif sont, sans donte, les efforts que nécessitent les insurgés Espagnols.

Cette même armée n'a point à attendre des renforts momentanés, tout ce qu'on peut rassembler de monde est transporté en poste vers les Pyrenées.

L'Empereur vouloit appeler la conscription de 1810, mais de fortes représentations sur l'extrême jeunesse des individus qui la composent, ont fait préférer le tirage de la réserve de 1802, la seule qui n'ait pas été employée, mesure qui fera beaucoup crier, parce qu'elle ne porte que sur des hommes établis; je n'ai point de données sur le nombre d'hommes qu'elle peut fournir, mais nous la verrons incessament publier.

Le produit de la nouvelle conscription se portera sans doute dans les premiers momens du côté de l'Espagne, m'ais c'est également elle qui recrutera les armées en Prusse le jour même où l'insurrection sera calmée.

Nous avons dans ce moment à diriger nos moyens de défense contre une armée égale en nombre à la nôtre, et qui dispose de tous les points vulnérables, non seulement des frontières, mais même de l'intérieur de notre Empire

Cette position embarassante n'exige-t-elle pas des mesures promptes parceque le sort nous a ménagé un moment de repos, énergiques— parce qu'après elles nous ne disposerons plus d'autres? Des considérations secondaires doivent-elles arrêter les soins que réclame impérieusement notre salut?

Provoquer la guerre avec la France seroit de la démence, il faut donc l'éviter, mais on ne l'évite qu'avec de puissans moyens. Ceux que rassemblent les soins de Sa Majesté Impériale, toutes les dernières mesures militaires, sont assurément faites pour mettre l'armée sur le pied le plus respectable, mais notre armée quelque forte, bonne et retrempée qu'elle puisse être, est-elle en nombre suffisant pour sauver de sa ruine finale une monarchie attaquée sur toutes ses frontières à la fois, et privée dès l'ouverture d'une campagne de ses moyens les plus précieux, de ses Provinces les plus importantes? Ce n'est donc plus en nous seuls que nous pouvons et devons chercher notre salut il nous faut le devoir autant à notre intelligence Politique, qu'à nos moyens militaires.

Je regarde le moment actuel comme le dernier où il nous soit possible de nous ouvrir des chances de conservation; ces chances sont frêles, parce que d'après mes calculs elles ne réposent que sur la Russie, mais dans le choix d'une perte presqu'assurée, et de moyens qui ne sont pas forts, parce qu'ils ne s'appuyent jamais que sur la lubie d'un Souverain foible, je ne le crois pas.

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peut-on hésiter?

Il me paroît urgent, et je dirai même de la dernière urgence, de s'expliquer très-franchement, et surtout très-directement, avec la Russie. Que peut-il y avoir de compromettant dans la déclaration suivante que feroit un Envoyé prudent, et pénétré de toute l'urgence de la chose; il diroit à Alexandre:

„Notre position devient plus embarassante de jour en jour. Deux cents „mille hommes menacent de pénétrer dans l'intérieur de la Monarchie. La France „elle-même en accrédite le bruit, elle nous force à des mesures de précaution, „qu'elle tollère, parce qu'elle ne les craint pas, mais desquelles elle nous fera „un grief, le jour même où elle aura besoin d'un prétexte. Nous ne voulons „rien de personne, nous ne voulons que la paix, mais nous ne la conserverons „que réunis à vous; vous ne devrez votre existence qu'à notre conservation.... „Ne vouloir que la paix n'est plus un moyen de sauver son existence — voyez „l'Espagne!..... Le jour qui vit descendre la Dynastie régnante de ce trône est un appel à tous les Souverains; nous ne souffrirons jamais qu'on vous „propose de descendre du vôtre, que direz-vous le jour où on fera cette proposition à l'Empereur François? -- Il n'est pas dans l'essence des choses „que deux Puissances s'entendent dans le moment de crise, et si elles s'enten„dent même alors elles n'exécutent que mal ce qu'elles ont conçu. Nous vous „demandons donc une déclaration positive sur la conduite que vous tiendrez „dans le moment où Napoléon, de retour d'Espagne ou regardant cette conquête ,,comme assurée, tournera ses régards vers l'Orient. Ils n'y rencontreront que „l'Autriche, la Turquie, et en dernier résultat la Russie!.... Êtes-vous d'accord „avec lui sur le partage de la Turquie? nous nous mettrons de la partie; mais „ne pourroit-il pas nous amuser tous deux avec des projets qui ne tendroient „qu'à éloigner du centre de nos Empires des forces nécessaires à notre propre „défense? Veut-il nous attaquer? quel rôle jouerez-vous? Voulez-vous empêcher „la guerre? prononcez-vous contre el e avec énergie à Paris même, et il y a à „parier que Napoléon ne nous la fera pas réunis; craignez-vous cette démarche. „à laquelle des propos répandus dans l'Europe entière vous autorisent, dont ils „vous imposent même le devoir? convenez avec nous au moins de mesures „militaires; que dans le moment des premières hostilités nous puissions regarder „votre armée en Pologne comme l'aile droite de la nôtre, vos armées en Moldavie et Valachie comme des reserves; combinons un plan militaire sur ce ,,principe, le seul qui rend les forces françoises disponibles contre nous infioi„ment au dessous des nôtres. Mettez-nous à même de baser un plan d'opération „sur lui. Dites-nous au contraire que vous nous livrez à nos propres moyens, que vous laisserez insurger les Galiciens sans craindre pour vos Provinces l'olonaises, que vous vous croyez assez puissants pour vous soutenir, tandis „que vous craignez de nous appuyer. Il nous faut une réponse prompte et „précise sur tous ces points, et c'est elle que nous attendons pour régler notre „conduite politique et militaire.“

Et tell est ma conviction la plus intime.... Mes craintes pour le salut de la Monarchie Autrichienne sont trop anciennes pour ne pas être fortement enracinées en moi, elles peuvent être complètement illusoires.

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Nous ne remplirons en admettant la première que notre devoir, un devoir dicté à Sa Majesté Impériale par tout ce qu'elle doit à Sa Maison et à ses sujets, nous n'aurions rien perdu en admettant la seconde, et nous aurons, de manière où d'autre, fait cesser un état d'incertitude sur notre existence, et les

moyens de la défendre contre toute attaque, plus penible souvent que l'anéantissement lui-même. Aucune des vues que je mets ci-dessus dans la bouche de notre négociateur en Russie n'y sont d'ailleurs neuves. Le Comte de Tolstoy ne fait que prêcher dans ce sens, et il est impossible que l'évidence des faits ne finisse par triompher de l'apatique sécurité de ce gouvernement.

Je soumets ce rapport à Sa Majesté Impériale comme une preuve de l'attachement et du désintéressement de la part d'un de ses serviteurs qui ne variera jamais sur le premier, et qui prouve le second en osant lui transmettre ses vues sur des questions militaires, tellement hors de sa portée, qu'il reclame toute l'indulgence des hommes éclairés auxquels elles peuvent être communiquées.

J'ai l'honneur d'être avec une haute considération

de Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur Metternich m. p.

25.

Rapport du Comte de Senfft.

Paris, 16. Août 1808.

S. M. l'Empereur et Roi, après avoir donné hier une audience particulière à Mr. de Dreyer qui a présenté de nouvelles lettres de créance, a reçu le Corps Diplomatique dans les formes accoutumées. Le Monarque parla à tous les Ministres présens; I daigna m'adresser deux fois en me demandant des nouvelles du Roi N. A. M. et du voyage de S. M. à Varsovie dont les gazettes „qui savent tout, disail-il, à tort et à travers avoient déjà fixé le jour. Ils'arrêta enfin devant le Comte de Metternich et entama avec cet Ambassadeur une conversation sur les armemens de l'Autriche, qui dura près de trois quarts d'heure et dans laquelle Il parla assez haut pour être presque toujours entendu des personnes qui se trouvaient les plus près, savoir le Comte Tolstoy, le Maréchal Verhuel, Mr. de Dreyer et moi.

S M. se plaignit des mesures extraordinaires ordonnées par la Cour de Vienne sans aucun motif apparent qui par conséquent ne pouvaient qu'inspirer une exaltation fausse et dangereuse à ses peuples et forcer ses voisins à des préparatifs onéreux.

Mr. de Metternich ayant observé qu'il n'étoit question que d'un système de défense permanent, L'Empereur répliqua que le système bien différent de celui de la conscription et exigeant des frais considérables pour l'armement et l'habillemens des milices, ne pouvait pas se soutenir à la longue par les moyens financiens de l'Autriche, à laquelle des emprunts négociés à Francfort et à la Haye venaient d'être refusés, qu'il faudrait en venir à prendre de l'argent de l'Angleterre, que trois cent mille hommes bien armés et bien nourris que l'Autriche avait, étoient plus que suffisans, pour sa sureté et pour le maintien de la balance politique de l'Europe, puisqu'il serait insensé de croire que la France et la Russie pourraient s'entendre pour partager la Monarchie autrichienne; qu'il n'existait aucune discussion entre la France et l'Autriche,

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