Изображения страниц
PDF
EPUB

qu'on n'exigeait rien de celle-ci; que cependant en voyant ses armemens, l'opinion générale du public et des diplomates même, avait été de les croire occasionnés par la demande de nouveaux sacrifices, que la même opinion devoit nécessairement se répandre parmi le peuple autrichien, l'exaspérer contre les Français et faire naître ainsi entre les deux Nations une opposition dont la guerre pourrait résulter malgré les gouvernemens mêmes; que déjà le Consul français à Trieste avait été insulté et qu'aucun Français, aucun Bavarois ne passait les frontières autrichiennes sans se voir exposé à des insultes, tandis que les sujets autrichiens jouissaient en France de toute la sureté et de toutes les attentions dues aux étrangers d'une nation amie; que le Ministre de la Cour de V. à Constantinople ne cessait de tenir des propos offensans pour la France et d'allarmer la Porte sur les vues de cette puissanee et de la Russie; que cependant S. M. répondait en son nom et presqu'au nom de la Russie que s'il y avait des plans concertés entre elles, l'opposition de l'Autriche n'en arrêterait pas l'exécution; qu'on croyait peut-être les forces de la France occupées en Espagne, mais que si l'Autriche voulait la guerre en comptant sur cette diversion, elle trouverait toujours à qui parler et qu'en laissant cent mille hommes pour contenir les Espagnols on aurait assez de troupes pour une guerre en Allemagne. Le Comte de Metternich fit la réfléxion qu'il était impossible d'imaginer que l'Autriche voulût faire la guerre à la France unie avec la Russie aussi étroitement qu'elle l'est à présent; mais l'Empereur répondit qu'il n'aurait jamais cru possible que la Prusse li fît la guerre avant de s'être entendu avec la Russie, qu'il avait cependant vu marcher les troupes prussiennes et reçu la déclaration de guerre du Roi de Prusse, pendant que les Russes n'etaient encore qu'en Lithuanie et que depuis cet acte de folie il ne pouvait plus douter de la possibilité d'aucun autre.

„Enfin, ajouta S. M., que désirez-vous?“ „Rien", dit Mr. l'Ambassadeur. Il observa qu'en voyant les armemens de l'Autriche, il ne pouvait s'empêcher dans sa qualité de principal Magistrat de la Confédération du Rhin, de faire prendre les armes aux Princes qui la composent, que la Bavière, le Würtembeg, et la Saxe même auraient grand besoin de repos pour rétablir leurs finances, mais qu'il fallait leur faire faire de nouveaux efforts, que les armées françaises, loin de pouvoir évacuer les Etats Prussiens en exécution du traité de Tilsit que la Russie était maintenant dans le cas de réclamer, devaient y rester; que des préparatifs pour lesquels l'Angleterre ne donnait pas d'argent au Monarque français, ne pouvaient que couter de nouveaux sacrifices à l'Allemagne et à la France et que tout cela menait à un état de tension de part et d'autre qu'il vaudroit encore mieux terminer par une guerre que de le prolonger sans objet, que c'était là ce que voulaient les Anglais, qu'ils auraient gagné le tout en entrainant l'Autriche à la guerre, mais qu'ils avaient déjà gagné cinquante pour cent par les démonstrations réciproques qui avaient lieu en ce moment; que pour lui, il ne voulait pas la guerre certainement, mais qu'il n'avait pas peur et que n'ayant rien à se reprocher, il ne pouvait qu'attendre tranquillement les déterminations de l'Autriche.

Dans toute cette conversation S. M. l'Empereur quoique Elle parlàt d'un son sérieux et animé, n'a cessé de témoigner son désir de rester avec l'Autriche dans des rapports d'amitié et a toujours marqué des dispositions de bienveillance pour Mr. le Comte de Metternich. On conserve l'espoir que la Cour

de V. éclairée sur ses véritables intérêts calmera les inquiétudes de ses voisins en déclarant qu'Elle ne donnera pas de suite aux nouveaux arrangemens qu'elle avait ordonnés et déjà fait exécuter en partie.

En attendant l'Empereur a chargé le Prince Primat d'engager les Grands Ducs, membres de la confédération rhénane, à tenir leurs contingens prêts à marcher. Le Prince Primat fera parvenir le même avis aux Princes confédérés par l'organe du Duc de Nassau.

Paris, 26. Août 1808.

Le Comte de Metternich a eu hier au soir une audience auprès de S. M. l'Empereur qui s'est prolongée jusqu'à une heure et demie au delà du moment fixé pour le commencement du spectacle à la Cour.

26.

Comte Metternich au Comte Stadion.

Paris; le 17. Apût 1808.

La prochaine arrivée de l'Empereur retarda depuis plusieurs jours l'envoi du présent Courrier; des événemens de la plus haute importance, d'une nature impossible à calculer, et naguères même à prévoir dans toute leur étendue, eussent suffi pour m'engager à une expédition, si je n'avois trouvé dans ces mêmes événemens et dans notre attitude actuelle de justes considérations pour ne pas la presser avant qu'un motif indépendant vint m'en fournir un prétexte. Les désastres de l'armée françoise en Espagne sont à leur comble, il n'en existe plus probablement à l'heure qu'il est au délà des Pyrenées; partout battue, cernée, détruite par un peuple qui dans les fastes de l'histoire occupe un rang anciennement distingué, et qui au prix des sacrifices et des efforts les plus immenses et les mieux calculés, recouvre dans ce moment son indépendance, l'armée françoise vient de prouver à l'Europe entière, qu'elle n'est pas invincible pour des généraux pénétrés de la cause qu'il défendent, et pour des soldats décidés à mourir pour la Patrie.

-

Le secret que l'on garde sur ces événemens augmenté avec les désastres, il est donc très difficile d'en saisir les détails et la liaison, mais une foule de données particulières me met à même de tracer le tableau suivant sur lequel je ne me trompe pas. L'armée françoise, après avoir pénétré jusqu'à Madrid sur une seule ligne fit naître dans la capitale l'insurrection du 2. Mai. La conduite que dans cette occasion tint le Grand Duc de Berg, et ses mitraillades, furent le signal du soulevement général de la Nation: on se vit forcé d'envoyer un Corps contre les révoltés d'Arragon, son commandement fut confié au Général Lefèvre qui défait sous les murs de Sarragosse y perdit une grande partie de son corps. Le Maréchal Moncey fut envoyé contre Valence. Le Général Dupont, officier excellent peut-être le général le plus distingué de l'armée françoise fut chargé de la conquête de Cadix, entreprise importante pour la soumission des Andalousies. Le Maréchal Bessières commanda l'escorte du Roi Joseph. Sa marche route jusqu'à Madrid connue, et ayant peut-être été publiée dans l'intention qu'elle le fût, indiquait son passage par Burgos et par

l'Escurial. C'est entre ces deux villes que le Général Cuesta se transporta avec les Asturiens et les insurgés de l'Estramadura dans l'intention d'enlever le nouveau Roi. Informé de ce danger il prit la route de Madrid par Aranda et le Maréchal Bessières avec le gros de l'armée s'avança sur la route indiquée. Trois jours de batailles très-chaudes assurèrent au Roi son entrée dans la capitale, sans offrir un avantage réel sous le point de vue de la conquête.

Le Roi à peine arrivé à Madrid eut le chagrin d'y voir jeter le Maréchal Moncey, complettement battu par le Général Carro commandant les Valençois. Sa défaite fut immédiatement suivie par une victoire complète que remporta le Général Castagnos sur Dupont près d'Andujar. Cerné, et après une défeuse très-vigoureuse dont Votre Excellence trouvera des détails curieux dans l'annexe No. 1, le général françois mit bas les armes avec 18 m. hommes. Cette victoire complète fut poursuivie par le Général Castagnos avec vigueur, L'annexe No. 2 renferme, sous la forme de bulletins, les differentes données que j'ai pu me procurer.

Toutes prouvent que le Roi a du quitter Madrid pour se retirer à Burgos; les nouvelles d'hier au soir ne semblent guères laisser de doute de son arrivée à Bayonne. La capitulation du Général Duhême dans Barcellone est parvenue à la connoissance de Votre Excellence par un de mes derniers bulletins.

Les désastres en Espagne devoient entraîner ceux de l'armée françoise en Portugal. On sait par la voie de Londres, que, maîtres de Porto et Lisbonne, les Anglois avoient forcé le Général Junot à se jeter dans la Citadelle de Lisbonne, ou dans un autre fort. Beaucoup de renseignemens moins certains portent, que, pressé par la faim, il auroit capitulé, et seroit même déjà en Angleterre; il ne peut, de manière ou d'autre, point échapper à ce sort.

L'évacuation de la presqu'Isle paroît donc assurée; si dans la Navarre et dans la Biscaye des Corps françois devoient encore se trouver, il n'est guères permis de douter que les efforts réunis de tant de généraux, enivrés de succès, ne parviennent à purger entièrement le territoire Espagnol. La conquête en sera-telle de nouveau possible? La France, privée de tous moyens sur mer, ses armées ne pouvant pénétrer en Espagne que par deux routes montuenses, accueillies sur ces deux lignes étroites par des hommes qui outre leur indé pendance politique défendent leur bienêtre, leurs relations commerciales avec les parties les plus intéressantes de leur patrie, peut-elle avec le dégré d'activité, avec les efforts prodigieux que nécessairement fera l'Empereur pour ne pas laisser détrôner son frère aîné, et voir priver sa famille du nouveau et immense patrimoine qu'il lui destine, peut-elle, dis-je, vaincre tant d'obstacles? Cette question purement militaire ne sauroit être résoute que par des hommes du mêtier; mes faibles lumières suffisent pour me faire entrevoir dans cette entreprise une infinité de difficultés.

Mais elle est liée à des points de vue politique de la plus haute importance; c'est sous leur rapport que je me permetrai de la discuter. Elle tient même si intimement à nos relations actuelles et futures avec la France, que j'ai cru devoir faire précéder la récit suivant de mes toutes dernières relations avec le Ministre des affaires étrangères et avec l'Empereur lui même par l'exposé de la situation actuelle des affaires en Espagne.

Mon expédition portée à sa haute destination par Mr. de Mier, s'arrête au moment où je me mis à rediger les réponses semi-officielles ci-annexées (No. 3

et 4) à la Note de Mr. de Champagny en date de Bordeaux du 30. Juillet. Votre Excellence se convaincra que j'y suis resté dans les bornes que je m'étois préscrites dès les premiers momens où la grande question de nos armemens fut agitée.

Mr. de Champagny arriva à Paris le 6. Août. Je me rendis chez lui sur le champ, il m'accueillit avec cette nuance de cordialité et de chaleur, trèsmarquante dans un homme, timoré au point de ne pas se permettre de sourire à l'individu qui se trouve sur une ligne différente de celle indiquée par les lubies momentanées de son maître. Il me dit des choses personnellement très flatteuses au nom de l'Empereur, et, en ne quittant dans tout le cours de notre conversation pas l'air de la conviction que nos relations alloient s'asseoir sur des bases très solides, en me répétant les principes politiques énoncés dans la dernière note sur l'intérêt qu'avoit la France de nous voir rester Puissance du premier ordre, il ne cessa de me répéter que ce seroit à moi, à la manière dont j'avois jugé l'Empereur à la franchise de mes formes, et de mes explications que l'Europe seroit redevable de son repos. Je lui répondis par ma trèsferme conviction, que ce n'étoit pas en finassant et en louvoyant que de bonnes relations entre grandes Puissances pouvoient exister, que, si la France désiroit que le Autriche ne déchût point de sa hauteur actuelle, elle devoit ne pas moins applaudir aux moyens qu'elle venoit de déployer pour s'y maintenir; j'entrai au reste dans peu d'explications, me référant toujours au contenu de mes dernières lettres et notes et évitant surtout d'avoir l'air de douter que tout ne seroit dit dès le retour du Comte de Mier. Je vis que le Ministre des relations extérieures s'étoit croisé en route avec mes dernières réponses du 3. Aout, il me pria de lui en remettre une copie ce que je fis sur le champ. Je le revis le lendemain, et notre seconde, comme notre première conversation, ne m'offrit que les 3 abstractions suivantes :

10 Que l'Empereur ayant bien accueilli des explications qui, sans sortir des bornes de la convenance, ne laissèrent pas que d'être peremptoires, et surtout fortes en principe, ne visoit pas pour le moment à la guerre avec nous.

20 Que néanmoins il vouloit nous en imposer par une attitude qui, en masquant les efforts qu'il viseroit à faire pour reconquérir l'Espagne, jeteroit une partie de l'odieux de ces mesures sur nous.

30 Que la milice nationale, la promptitude que nous avions mise à cette levée, et des récits très-envenimés sur les derniers événemens à Trieste, et d'autres petits faits, étoient les principaux prétextes de la levée de bouclier actuelle.

Le Moniteur du 6. Août, qui doit être parvenu à la connoissance de Votie Excellence avant l'arrivée du présent Courrier, renferme un article sorti de la plume de l'Empereur, remarquable en ce, qu'il porte sur plusieurs griefs que j'avois énumérés dans mes lettres à son Ministre.

Tout sembla annoncer la très-prochaine arrivée de Napoléon. Les opinions furent divisées dans le public sur le lieu de sa débarquée. Beaucoup prétendirent qu'il éviteroit de se montrer aux Parisiens, qu'il se rendroit à Rambouillet. Il déjoua complétement ce calcul, et arriva avant hier 14 à 4 h. de l'après-midi à St. Cloud. Nous reçumes ce même jour à 11 h. du soir l'annonce d'une audience diplomatique pour le lendemain, jour de sa fête. Si son arrivée précipitée et inattendue à St. Cloud peut avoir été motivée par des rapports

qui peuvent lui être parvenus sur l'opinion du public qu'il ne se montreroit pas à Paris le 15. Août, elle peut également l'avoir été par le désir d'amener une scène unique dans son genre, et dans la marche que, dans ses cercles diplomatiques, il suivit jusqu'à présent. Il vouloit me parler, mais non seul; il le vouloit en face de l'Europe et la journée d'hier offre, sous ce rapport, un intérêt bien extraordinaire.

Après avoir reçu les complimens de tous les corps constitués de l'État, le corps diplomatique fut introduit à l'audience à l'heure accoutumée. Le Nonce ne s'y trouvant pas je me plaçai le premier. L'Ambassadeur de Russie se plaça à ma droite, celui de Hollande et le reste des Ministres continuèrent le cercle. L'Ambassadeur Ottoman étoit le 5. ou le 6. dans la file. Tous ces détails sont importans.

11 commença sa tournée par moi, et me parla de la chaleur de l'été dernier, de la santé de ma famille etc. Il adressa des questions tout aussi insignifiantes à mon voisin, et après avoir expédié très-lestement sa tournée il revint au comte de Tolstoi et lui dit: „Eh bien, vous avez de bonnes nouvelles de la Finlande?" L'Ambassadeur ayant confirmé ce fait l'expédition Angloise, „reprit l'Empereur, n'a pas été d'une grande utilité au Roi de Suède, elle a „transporté en Espagne les trouppes qui devoient le secourir; je suis fâché „que les Anglois n'y ayent pas débarqué 50/m hommes; ils peuvent y rester „un, deux, même trois mois, ils n'y resteront pas quatre."

[ocr errors]

Puis se tournant vers moi, il me dit, avec un air qui n'annonçoit pas l'approche ordinaire de l'orage: „Eh bien, et l'Autriche arme beaucoup?Non, Sire, lui répondis-je, elle exécute dans ce moment des mesures organiques que, depuis la paix de Presbourg, elle avoit conçues et arrêtées, elle ne fait en cela que suivre l'exemple de tant de voisins à la hauteur desquels il lui importe de se tenir. A partir de là, il me dit, avec une ample paraphrase à peu près mot à mot ce que renferma la note du 30. Août que m'adressa visiblement sous sa dictée Mr. de Champagny. Citer à Votre Excellence les réponses que je lui fis seroit de même copier mes lettres au Ministre des relations extérieures, et je me bornerai à recueillir ici des phrases et des faits nouveaux, et qui éclaircissent encore plus le terrain que la susdite correspondance.

L'Empereur ne fit jamais mention des réserves, il ne me parla que de la levée de la milice, de la précipitation surtout, avec laquelle nous avions exécuté nos mesures militaires. „Vous en voulez donc à quelqu'un, „ajouta-t-il, ou vous craignez quelqu'un? a-t-on jamais vu agir avec une pré„cipitation pareille? si vous y aviez mis un an, dix-huit mois, il n'y auroit rien „à dire, mais ordonner que tout soit près le 16. Juillet, comme si ce jour vous „deviez être attaqués! Vous avez donné par là une impulsion à l'esprit „public qu'il vous sera très difficile d'arrêter. Voyez se qui s'est passé à „Trieste. On y a insulté mon consul, ce fait seul suffiroit pour motiver une „guerre, si je la voulois. J'ai traité l'Autriche avec beaucoup d'égards. Elle „n'est nullement déchue de sa grandeur; je pouvois tirer de Trieste cinquante „millions je ne l'ai pas fait, si jamais j'y rentre, il faudra donc que je brûle ,,la ville! Je ne veux pas la guerre, je ne vous veux rien; l'Empereur „François, le Comte de Stadion, le Comte de Metternich, Mr. de Champagny „(qui me tenoit bloqué par derrière) ne la veulent pas, tous les hommes sensés ,ne la veulent pas, eh bien, moi qui connois la marche des choses humaines,

« ПредыдущаяПродолжить »