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je vous dis que je crois que nous l'aurons malgré la volonté des gens de bien, une main invisible est en jeu, cette main c'est l'Angleterre; Mr. Adair est de „nouveau en route pour Malte, il a quitté Vienne satisfait, l'Angleterre a gagnée 50 plc par vos armemens (quelle bonne objection j'aurois pu lui faire) depuis qu'elle espère vous entraîner de nouveau; cela la rend plus tenace, plus intraitable que jamais; vous me forcez à armer la Confédération, à lui dire de se tenir sur ses gardes, vous m'empêchez de retirer mes troupes de la „Prusse et en France, ce que je faisois 15 jours après que je fus forcé par vous ,à donner contre ordre; je n'en retire pas moins 100 m hommes je suis franc, je ne cache pas ma politique; mais vous me forcez à m'adresser „au Sénat à lui demander deux conscriptions, vous vous ruinez, vous me ruinez, l'Angleterre peut vous donner de l'argent, mais jamais assez, et elle ne m'en donne pas; les États de la Confédération déjà bien assez malheureux „se ruinent, et quand toute la population masculine de l'Europe se trouvera „sous les armes, il faudra donc faire lever les femmes? - C'est état peut-il .durer? Il doit nous mener à la guerre sans que nous le voulions; qu'es-pérez-vous? Etes-vous d'accord avec la Russie? Je ne le crois pas, mais dans ce cas vous me présenteriez une ligne de défense respectable! (ces phrases .furent autant adressées à Mr. de Tolstoi qu'à moi; cet Ambassadeur conserva l'attitude la plus imperturbable) mais dans la supposition contraire que pouvez -vous à la France et à la Russie réunis? La première guerre avec l'Autriche «sera une guerre à mort, il faudra que vous veniez à Paris, ou que je fasse la conquête de Votre Monarchie; vos armemens déplaisent également à Peters„bourg, savez-vous comment cela finira? L'Empereur Alexandre vous fera déclarer qu'il désire que vous les cessiez, et vous le ferez, et alors ce ne sera -pas à vous que je croirai devoir le maintien de la tranquillité en Europe, ce ,sera à la Russie; je ne vous admettrai plus à l'arrangement futur de tant de questions auxquelles vous êtes interéssés, je m'entendrai seul avec la Russie, „et vous en serez spectateurs.“

Pour que je ne puisse apparement pas douter qu'il entendoit me parler de la Turquie (et l'Ambassadeur Ottoman étoit à 3 pas de moi) „voyez, continua-t-il, la conduite que tient votre Ministre à la Porte; il fait tout ce qu'il peut pour souffler la discorde avec la France. Nous savons tout; les Turcs „nous disent tout. Vous avez fait des démarches près des Serviens pour qu'ils -vous reconnoissent leurs Souverains. Est-ce par vos armemens que vous voulez un jour être de moitié dans nos arrangemens? Vous vous trompez, jamais

je ne m'en laisserai imposer par une Puissance armée, jamais je ne traiterai „avec une qui veut m'imposer“. Je relevai fortement tous ces faits supposés,

et ces assertions ridiculement fausses. Je niai cathégoriquement la négociation avec les Serviens; j'établis en thèse que notre but premier étoit celui du maintien de la Porte dans toute son intégrité, et que, loin de désirer sa chute, elle seroit complètement opposée à nos intérêts, que par conséquent les imputations faites à Mr. de Sturmer sur lesquelles je m'étois déjà expliqué vis-à-vis de Mr. de Champagny étoient, ou basées sur des suppositions gratuites, ou, si ces accusations se trouvoient vraies, sur une contrevention directe aux instructions les plus explicites qu'avoit ce Ministre, instructions d'autant moins douteuses qu'elles ressortent directement des principes que je venois d'établir comme étant les nôtres.

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Cette conversation, dans laquelle je répondis avec une extrême franchise et avec le plus grand calme (réponses qui également ne furent que la paraphrase de mes dernières lettres) dura cing quart d'heures. L'Empereur n'éleva pas un seul moment la voix, il ne quitta jamais ni le ton, ni les expressions de la plus étonnante mesure pour lui; il m'eut positivement dit la même chose dans des phrases plus énergiques si nous eussions été tête à tête, je lui aurois répondu de même; nous avions ici l'air de causer, cours de politique, embrassant, établissant les intérêts les plus immédiats de deux grandes Puissances, touchant les vues, les relations passées présentes et futures les plus secrètes entre ces Puissances relativement à l'Europe entière; une conversation dans laquelle l'Empereur agita la question du partage de la Turquie devant le représentant de cette Puissance est sans doute sans exemple dans les fastes de la diplomatie. Les résultats les plus évidents de ce que l'Empereur me dit sont selon ma conviction intime parfaitement d'accord avee ceux que Votre Excellence a déjà en partie enduits de mes premières relations et avec ceux que je tire de mes dernières conversations avec Mr. de Champagny, ils se bornent aux faits suivans:

19 L'Empereur a besoin d'une forte recrue, il lui a fallu un prétexte pour remplacer une armée détruite sans nulle utilité réelle pour le peuple françois, il nous met en avant.

2o Une nouvelle conscription qui incessament va avoir lieu ne peut être employée d'une manière active que dans 3. ou 4 mois, il retire done 10) hommes de son armée d'Allemagne pour les porter vers l'Espagne, côté où son honneur particulier est sans doute le plus immediatement compromis.

30 Notre attitude et ses relations avec la Russie ne lui inspirent pas assez de confiance pourqu'il voulût risquer de retirer pareil nombre de troupes sans les remplacer par d'autres moyens de résistance. Il ne lui restoit donc qu'à armer la confédération; mais le prétexte des affaires d'Espagne ne suffisoit pas plus vis-à-vis des peuples d'Allemagne que vis-à-vis du sien propre. C'est encore nous qui servons de prétexte.

40 Que risquoit-il en nous faisant ses dernières demandes? En éclaircissant les questions il se convaincra incessament si nous sommes dans une attitude hostile ou non? Dans le premier de ces cas, et la vérité établie que mieux vaudroit-il abandonner momentanément les intérêts de son frère que se trouver dépourvu des deux côtés; il nous fera la guerre si nous le voulous. Dans le second, il se croira dans la possibilité de tripler ses moyens d'attaque contre l'Espagne.

Telle est ma conviction. Les résultats qu'auront mes premières démarches après le retour du Comte de Mier ou du moins après l'arrivée de la réponse de Votre Excellence aux ouvertures de l'Empereur du 30. Juillet prouveront sous réplique si je vois juste ou non.

Votre Excellence se convaincra par le récit que je viens de lui faire d'une partie de ma conversation d'hier, qu'elle se compose de vingt dits et rédits dans des occasions précédentes, de phrases générales que Napoléon applique à tout, Une nuance infiniment importante à saisir dans tous les débats qui depuis le 16. Juillet dernier ont lieu, c'est que l'Empereur n'a jamais articulé les faits sur lesquels il désire que revienne l'Autriche. Si effectivement il il vouloit nous faire la guerre sans plus, il articuleroit des demandes qui,

par leur nature même, seroient dans le cas d'être refusées. Jai précisé d'avantage cette question daus une conversation, qu'aujourdhui j'ai eue avec Mr. de Champagny et dont ma Dépêche Lit. (?) renferme les détails.

Il est superflu de parler à Votre Excellence de l'effet qu'a produit cette longue conversation sur tous les assistans. Il n'est bruit que d'elle à Paris, elle étoit tellement extraordinaire, tellement basée sur des antécédents ignorés de tous les assistants, que les versions et les conjectures se ressentent d'autant plus des passions et des voeux individuels de ceux qui en forment.

L'Empereur ne m'a pas épargné des discussions militaires, il s'est tantôt récrié sur l'inutilité d'une levée nationale tantôt s'est-il coupé en déclarant cette mesure comme utile sous plusieurs rapports, tantôt il blama les dépenses excessives que nous faisons, un moment après il dit ne rien pouvoir objecter à l'approvisionnement de nos forteresses en le déclarant mesure de pure défense. Il répondit à l'objection que je lui fis qu'à ses armées en marche nous n'avions opposé nul rassemblement de troupes, qui put de loin même porter un caractère offensif, „non vous n'avez point de rassemblemens, mais vos troupes „sont disloquées de manière à pouvoir sur le champ former de véritables Corps „d'armées; c'est de ces choses, ajouta-t-il, „sur lesquelles on ne sauroit tromper les militaires". Je lui dis à propos des illusions qu'à l'instar de la Prusse nous avions l'air de nous faire sur ses forces réelles, croyez Sire, que si vous comptez nos Soldats, nous comptons également les vôtres, et que nous savons très-exactement quelle est votre force. Il reprit, „mais vous avez 300 m. „hommes de troupes réglées, vous en avez 400 m. si vous voulez, et que peut „on avoir de plus?" faisant toujours allusion à la levée de la milice. Ayant établi une série de principes sur les vues politiques que devroit nourrir l'Autriche, principes très vrais, et ayant ajouté „Vous pensez de même"; je lui dis en riant, non seulement que je pense de même, Sire, mais je crois débattre nos intérêts avec le Ministre des affaires étrangères de l'Autriche tant ce que Votre M. me dit est vrai, et rien assurément ne ressemble moins à une dispute entre deux Puissances que notre présente discussion. L'Empereur rit à son tour, et me dit „mais vous voyez combien je suis calme." J'ai su depuis quelle importance il avoit mise à ce que cette nuance dans sa conduite et dans ses procéders ne m'échappât point.

J'ai l'honneur etc. etc.

Metternich.

27.

Comte Metternich de Paris.

Paris, le 14. Septembre 1808.

Il seroit difficile de se former d'avance une idée juste de ce que peut être le résultat de l'entrevue des deux Empereurs. Je crois qu'eux mêmes l'ignorent. Napoléon sait ce qu'il y porte d'intentions et de projets. Alexandre croit tout au plus être d'accord avec lui même. Le premier voudra-tout ce qu'il pourra obtenir, le second peut accorder bien au delà de ce qu'il voudra et croira accorder. Il est des événemens indépendants de tout calcul; au dessus d'eux quand il s'agit de Napoléon, au dessous quand

ils portent sur un Cabinet tel que celui de St. Petersbourg. Votre Excellence juge mieux dans ce moment que je ne le puis du degré d'abandon et de poltronnerie du Ministère Russe, la divergence qui peut exister entre ce qu'il aura fait dire par l'Ambassadeur à Vienne et le langage qu'il a ordonné à celui à Paris, Vous servira de mesure sous ce rapport. Nous n'en trouverons jamais pour évaluer jusqu'où peut être entrainé le foible présomptueux, tel est le caractère d'Alexandre, et calculer sur cette échelle, c'est se perdre dans le vague.

Les seules bases desquelles nous devons partir sont celles de la position des affaires au moment de l'entrevue, du plus ou moins de compli cations qu'aura intérêt de faire naitre Napoléon, du plus ou moins de courage que puisera Alexandre dans cette même position des affaires.

J'envoye aujourd'hui à Votre Excellence des pièces d'un bien haut intérêt pour fixer son opinion sur cette position. Elle reçoit sous No. 1 le Moniteur du 5. Sept. qui établit d'une manière officielle, le jour même de la séance du Senat, le point de vue qu'offre la Cour au public sur la marche des événemens en Espagne.

Sous No. 2 le Moniteur du 7. Sept. qui renferme les premiers détails publiés sur la séance du Senat du 5.

Sous No. 3 le reste des détails de cette même séance.

Sous No. 4 les publications qui dans plusieurs feuilles ont eu lien sur la défection du Général Romana et sur les affaires d'Espagne et du Portugal L'ensemble de ces pièces nous arrête alternativement au moment présent. et nous rejette, sous le rapport des phrases et du style, en 1793. Nulle ne présente un plan fixe pour l'avenir. On fait décréter au Sénat que la guere avec l'Espagne est juste et fondée sur un calcul de politique sain; le pouvoir d'un Sénat ne s'étend ni sur des principes éternels, ni sur l'opinion des peuples.

On pousse les phrases de rhétorique au point de supposer que les mànes de Henri IV, de François Ier et de Louis XIV sourient à la généreuse entreprise de Napoléon de culbuter le trône de leur arrière petit-fils. Les mânes de ces Princes ne peuvent venger l'insulte qu'on leur fait.

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On renverse tout, principes, convenance, autorité de l'histoire, pour établir des principes de politique et du droit des gens ni Mr. de Champagny, ni Clarke, ni les orateurs des Tribunes de 93 ne prouveront jamais au peuple françois et au public de l'Europe, que le moyen de forcer l'Angleterre à la paix est de lui fournir d'immenses et de nouveaux moyens de faire la guerre, ils ne lui feront jamais croire que l'existence d'un foible Bourbon sur le trône d'Espagne étoit plus compromettant pour le salut de la France que la lutte indéfinie qui vient de s'engager dans la presqu'île, et que la perte des Amériques.

On rejette une levée de 80 m. conscrits, prise sur les reserves des dernières années, sur la nécessité de soutenir l'honneur national, et sur l'Autriche celle d'appeler sous les armes des enfans de 17 ans, le peuple n'est pas plus dupe du véritable motif qui compromit la gloire de ses armées, que des intentions supposées à l'Autriche.

On use de quelques ménagemens envers nous dans les discours des Ministres, mais on nous lacère dans ceux des orateurs du Sénat, les premiers sont les manifestes aux Puissances, les derniers s'adressent à la Nation françoise.

Les peuples de l'Europe entière ne sont plus à remuer par des phrases, tous les peuples, toutes les opinions se réuniront sur le fait, que la position intérieure et extérieure de Napoléon a essuyé de terribles échecs, ensuite des calculs aussi téméraires que faux de sa part, que ces mêmes publications, leur style et leur fond, servent de témoins à ces échecs, et les comblent.

sur celui

Et telle est mon opinion et la base de laquelle je pars: Napoléon a des échecs à réparer, l'entrevue avec son auguste confrère, doit lui en faciliter les moyens.

Veut i les réparer sur le théâtre même de ses malheurs? Ou bien cherchera-t-il un autre point de l'Europe pour rehabiliter ce que ses plans et les talens de ses généraux ont perdu dans l'opinion publique? Cette question très juste naguères, ne l'est plus, il n'existe plus d'alternative, il doit faire tous les efforts pour terminer l'oeuvre commencée, la marche de ses armées, ses derniers actes publics le prouvent, ne laissent plus nul doute sur ce fait le but premier de l'entrevue doit donc être celui, de le tranquilliser sur toute possibilité d'inquietude et d'attaque de la part de l'Autriche et de la Russie.

-

Peut-il arriver à ce but en compliquant les questions entre la France et l'Autriche ? Je ne le crois pas.

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Peut-il vouloir faire naître des dissensions entre l'Autriche et la Russie pour atteindre ce même but? Deux Puissances qui n'ont ni envie ni motif de se battre, s'expliquent au lieu de se battre, et ces explications mènent trop facilement à une réunion pour qu'il puisse tenter de placer ainsi les questions.

Développera-t-il au Cabinet Russe tous ses plans sur l'avenir? Espère-t-il le porter par cette preuve de confiance à s'en déclarer implicitement complice? Il n'a ni plan en deçà du tout vouloir, ni confiance dans la Russie.

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Faire beaucoup d'ouvertures insidieuses et vagues, tâcher d'obtenir en échange des promesses formelles; caresser l'amour propre d'Alexandre, flatter et profiter de la stupide présomption. de son Ministre; porter la Russie à nous tenir en échec, lui promettre le partage et le gros lot de la Turquie lui garantir la Finlande tel est sans doute ce que se propose Napoléon. Ce qui peut être mis en outre dans sa balance ne peut y être porté que par la Russie elle même; je le garantis prèt à tout recevoir, si toute fois ce qu'on lui offriroit ne coutât point des efforts militaires momentanés en deça des Pyrenées. Mr. de Talleyrand fera de son côté tout ce qu'il pourra pour engraîner une négociation avec l'Angleterre. C'est là quel seroit pour l'humanité le but utile de ce voyage.

Quel est au contraire le rôle que nous promettent les apparances du moment? - Cherchons - le dans la force que l'Autriche a si sagement deployée” dans les derniers tems, c'est à celle que nous devons notre salut. Une Puissance du premier ordre ne peut se soutenir que de son propre poids. La Frauce se jetant sur nous avec les moyens de la Russie réunis, nous risquerions d'être écrasés; la première ne songe pas à nous faire la guerre dans ce moment, la seconde n'y songe pas plus; un Empereur qui d'après l'idée de Mr. de Talleyrand paroîtroit en personne au milieu du congrès d'Erfurt et qui diroit:

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