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„Je mets 400 m. hommes de troupes, et tout mon peuple armée dans la „balance du juste. Je prétens périr les armes à la main si on veut tenter de „m'écraser, je ne prétens pas moins que la paix n'existe pas sans moi, et sans „ma volonté, et mon intervention active; je ne veux que la paix, mais dans la „paix un état des choses conforme à la dignité de ma couronne.“ · embarrasseroit beaucoup la force de Napoléon et la foiblesse d'Alexandre.

Une preuve que l'on compte agiter des questions éminement politiques se trouve dans le départ de plusieurs employés du Département des affaires étrangères. Le Chef de Division La Besnardière partira demain matin. Que nous ne pouvons rester spectateurs oisifs des conférences qui vont s'ouvrir ; le fait me paroit incontestable. Quel sera le parti que S. M. J. aura sans doute déjà decidé dès le reçu de mon dernier Courrier. Je ne me permets sous ce rapport que l'excès de la confiance. Votre Excellence voit que je me suis, sur cent chances contraires, ménagé une en faveur d'activer ma bonne volonté personnelle. J'en espère si peu de succès que je ne la cite que comme entièrement vague.

Je prendrai dans la supposition peu probable que l'Empereur me designât pour être de son voyage, la route par Strassbourg et Wurzbourg. J'expédierai sur le champ un Courrier à Votre Excellence, et ce n'est qu'à Erfurt même que je pourrai recevoir les ordres de S. M. Impériale.

J'ai l'honneur etc. etc.

P. S. J'apprend dans ce moment que le départ de S. M. est fixé à Mardi prochain 20. du mois.

28.

Comte Metternich de Paris.

Paris, le 14. Septembre 1808.

J'ai eu l'honneur de faire entrevoir à Votre Excellence par mes derniers rapports, que les arrangemens définitifs avec la Prusse approchoient de leur fin.

Mgr. le Prince Guillaume de Prusse et Mr. le Baron de Brockhausen signèrent effectivement le 8. de ce mois une convention, qui termine tous les différends. Sa teneur est d'un autre côté de nature à ne point éviter à ce malheureux pays des complications futures et presqu' insurmontables; mais l'abandon total de la Russie et le désir de ne pas aggraver à l'infini les maux du moment ne purent point laisser de doutes aux négociateurs prussiens sur le parti qu'ils avoient à prendre

Les principales stipulations du traité sont: L'évacuation entière des provinces prussiennes dans l'espace de 30 à 40 jours après l'échange des ratifications

Sont exceptées de cette évacuation les trois forteresses de Stettin, de Custrin, et de Glogau jusqu'à l'acquittement d'une somme de 140 millions de Francs payables en trois termes de 6. en 6. mois.

Chaque payement fait, une des places sera évacuée par les troupes françoises et remise à la Prusse.

Les garnisons dans les trois forteresses ne pourront excéder dix mille hommes à répartir dans les trois places.

Mr. le Comte de Tolstoy avoit arrêté le plus longtemps qu'il crût pouvoir le faire sans exposer la Monarchie Prussienne à une ruine totale, la signature d'articles aussi peu propres à sauver son existence. Il n'est sorte de remontrances, qu'il n'ait faites à sa Cour sur la possibilité d'alléger beaucoup le sort d'un ancien allié par une intervention quelque peu énergique et active. Les négociateurs prussiens furent prêts il y a quatre semaines à signer leur admission à la confédération du Rhin. Mr. de Tolstoy l'empêcha en prenant sur lui de déclarer, que ce fait ne sauroit être indifferent à sa Cour, et l'Empereur Napoléon, qui doit ne pas en avoir eu grande envie, n'insista pas. Ce même ambassadeur avoit proposé à sa Cour, il y a 4 mois, de vendre la flotte Russe dans le Tage à la France, qui lui en avoit sous main fait offrir 12 millions payables en bons sur les contributions prussiennes; on ne répondit pas à la proposition qu'il en fit à St. Petersbourg; Votre Excellence se convaincra par le suivant rapport, que ces vaisseaux sont perdus maintenant, et que l'Empereur Alexandre s'est gratuitement privé d'un moyen d'alléger le sort de la Prusse en lui portant un sacrifice imaginaire pour lui, et réel pour celle-ci; la réponse qu'en dernier lieu donna Mr. de Romanzoff à Mr. de Schladen que la Prusse feroit très bien de se sauver comme Elle pourroit, décida le parti des négociateurs et ils signèrent leur arrêt de mort. Comment effectivement admettre la possibilité, qu'un état sans ressources, sans commerce, saccagé, mangé dans toutes ses provinces, puisse acquitter en 18 mois la somme de 32 Millions 500 m. écus. Il ne rempliroit pas un emprunt d'un Million, et cette ressource est cependant la seule sur laquelle comptent les plenipotentiaires prussiens.

Avoir fait signer un pareil acte par un Prince de la maison prouve pour la foiblesse de la marche politique de ce malheureux pays.

Votre Excellence trouve dans l'annêxe 1. un article extrait (quant au texte principal) du Moniteur de 8. Septembre Jour de la signature de la convention, et commenté dans le journal de l'Empire du 9. L'annexe 2. renferme un article de l'argus sur le même sujet. La lettre de Mr. de Stein est sans doute d'une inconcevable imprudence, et si elle n'influe pas d'une autre manière sur le sort de la Prusse qu'en La privant probablement d'un Ministre éclairé et utile sous tous les rapports administratifs, elle Lui aura fait un mal réel.

Le Moniteur annêxé sous No. 3. informa le public de la terminaison des différends entre les deux états. Le Baron de Brockhausen présenta le même jour ses lettres de créance à l'Empereur et assista à l'audience diplomatique du dimanche 11. Septembre. L'Empereur dans l'audience accordée au Baron de Brockhausen, qui se prolongea quasi une heure, passa en revue toute la politique prussienne depuis le rêgne de Frédéric II. Il résuma tous les griefs qu'avoit eu contre Elle la France, l'Autriche, en un mot toutes les Puissances de l'Europe; il condamna beaucoup Mrs. de Haugwitz, de Lucchesiny, il finit par dire à Mr. de Brockhausen, qu'il falloit tout oublier, loua beaucoup le Roi, les privations personelles que dans ce moment il s'impose pour subvenir aux charges de l'Etat etc.

Une nuance assez rémarquable fut le singulier éloge qu'il me donna dans le rapprochement le plus extraordinaire. Après avoir reproché au Baron de Brockhausen le peu d'amour que le peuple prussien avoit pour les François; un seul homme, ajouta-t-il, m'a dit bien franchement d'où venoit ce

Onden, Desterreich u. Preußen 1813. II.

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fait. Le Comte de Metternich, auquel je fis un jour la même remarque sur le peu de propension des Autrichiens pour les François, m'objecta, que l'on n'aimoit jamais la force, et que le lendemain d'une bataille les battus n'aimoient guères les battans; Il a touché vrai, ajouta-t-il, et je l'estime parce qu'il me parle ainsi. — Cette anectode est caracteristique, et sous ce seul rapport digne de remarque; elle prouve combien l'Empereur tout en parlant quasi sans discontinuer dans les entrevues particulières écoute ce à quoi il a l'air de ne pas s'arrêter; elle ne prouve pas moins qu'un des véritables foibles de cet homme est la prétention d'être aimé; s'il est difficile de supposer que je puisse lui avoir fait faire la découverte, que la force n'est guère aimable, il ne paroit pas moins, que je lui ai fourni une arme pour se consoler du peu d'amour qu'il inspire aux peuples; il se console par cette méme force, et le parti n'est point fâcheux pour un homme d'un caractère aussi ambitieux. Elle prouve en dernier résultat qu'il vaut mieux dire des vérités aux gens blasés de soumissions et de basses flatteries, et qu'il vous en estiment plutôt que de vous en vouloir.

J'ai l'honneur etc. etc.

29.

Copie d'un rapport de Mr. l'ambassadeur Comte de Metternich en date de Paris.

Paris, le 11. Janvier 1809.

J'ai retrouvé la personne en question*) dans les dispositions dans lesquelles je l'avais quittée. Il ne me reste pas de doute, que tous les partis ne soient pris éventuellement. On n'amenera pas de catastrophe, mais on profiterait de celles qui auraient lieu. Tel est le résumé de nos entretiens. On trouve l'attitude de l'Autriche bonne. On conseille de se tenir aussi forte; ne pouvant pas entrer dans des questions de fait, je n'ai pas moins agité celles qui ressortent de la nature des choses.

Pourroit-on ne pas admettre la possibilité que l'Autriche fût par son propre poids forcé à prendre un parti? Napoléon ne sait-il pas ce calcul? que lui opposerait-il? Il le sait, me répondit-on." Nous saura-t-il gré de ne pas augmenter ses embarras dans le moment actuel? Aucun, car il vous déteste à mort! Que ferait-il s'il était sur le trône Autrichien? on ne me répondit rien. Connaissez vous, et Napoléon connait-il les dispositions des peuples de l'Allemagne et de l'Italie à son égard? - Toute l'Allemagne serait pour vous; vous auriez mois de partisans en Italie.

-

Napoléon sait tout cela, mais la force des circonstances l'a entraîné hors de ses calculs. Que croyez-vous qu'on devrait faire? - Attendre quatre ou cinq mois et rechercher la Russie. Mais on finira entretems la guerre d'Espagne, et nous aurions le double de forces à combattre. La guerre d'Espagne use ses moyens, et les usera d'ici à longtems! Vous le croyez done plus faible en Mai prochain qu'en Janvier? - Indubitablement. Mais qu'opposerait-il dans ce moment à une attaque? - On se tut de nouveau. - On croit que Schwarzenberg n'a guère à attendre que du tems. Alexandre parait

*) D. h. offenbar Talleyrand oder Fouché.

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plus faible que jamais. La dernière missive est, assure-t-on, de sa propre plûme. On la blâme beaucoup, mais on persiste à assurer, que rien ne pourrait jamais le porter à agir contre nous.

Tout ce tableau est très vague et ne prouve rien du tout. Il ne peut guère être précisé davantage sans aborder droit des questions impossibles à agiter cathégoriquement. Nous sommes placés, l'un vis-à-vis de l'autre, comme deux hommes qui savent beaucoup, chacun de son côté, et qui n'osent pas tout se dire.

Romanzoff est au dessous du pitoyable. Flottant entre tous les principes, n'en ayant plutôt aucun, il ne voit plus en Europe que lui, Romanzoff, et Napoléon pour le soutenir. Au comble de la joie à la moindre apparence de succès du dernier, il est dans l'état d'affaissement le plus complet dans les occasions contraires. Il me bouda les premiers jours, parce que je ne portai pas la reconnaissance des Rois. Il s'est jetté à ma tête le jour où il apprit que les Anglais n'avaient pas été exterminés, ce qui, à ce qu'il me dit luimême, lui avait paru aussi sûr que désirable.

Kourakin est en opposition directe avec son Ministre. Il suit, aux invectives près, la même marche que son prédécesseur. Je ne puis personnellement que m'en louer.

Tout prouve qu'il ne faut se guider que par ses propres calculs. Vouloir les baser sur des calculs étrangers, c'est se perdre. Se faire servir par les autres et ne pas les servir, marcher droit, se reposer sur ses propres moyens, chercher des alliés en avançant le jour où on croirait devoir le faire: Tels sont les seuls principes de conduite qui établissent des chances de succès pour toute bonne cause, et qui font la véritable force de l'état.

30.

Comte St. Julien de St. Petersbourg.

St. Petersbourg ce 13./1. Août 1811.

Il y a à peu près quinze jours qu'à la parade l'Empereur me fit l'honneur de m'inviter lui même à diner. S. M. qui à table me parut être d'un humeur très enjoué et particulièrement disposé à la confiance, me dit qu'Elle désireroit me parler en particulier, on me fit entrer dans son cabinet. L'Empereur entama la conversation par me dire, que depuis qu'il ne m'avoit vu il avoit reçu des nouvelles de France; au fond rien que des phrases, des protestations d'amitié et des offres d'indemnité pour le duché d'Oldenbourg; mais, dit S. M., ce n'est pas ce que nous voulons; la Russie tient à l'accomplissement des traités qu'elle a observés religieusement et que la France a violés. C'est elle qui est l'agresseur, c'est à elle à remettre les choses sur l'ancien pied, puis on pourra convenir d'un équivalent, car il ne nous convient pas d'en prendre aux dépens d'un tiers que l'on dépouilleroit, et en Allemagne tout est à peu près déjà donné à des puissances amies de la France. Je sais bien un équivalent qui pourroit nous convenir, ajouta l'Empereur avec un air de réticense, mais il n'en peut pas être question

encore. Après celà S. M. me demanda si je pensois qu'on tireroit le canon encore cette année-ci; je crus pouvoir sans hésiter lui répondre que je croyois que non; appuyant mon opinion et sur l'embarras que causoit la guerre en Espagne et sur la saison déjà avancée. L'Empereur m'écoutoit avec cet air satisfait que je lui connois aussi souvent, qu'il semble rassuré sur le danger instantané d'un commencement d'hostilité. Mais, continua-t-il, il ne faut pas se laisser endormir pour cela; je mets à profit le temps qu'on me laisse pour achever l'organisation de mes armées. S. M. voulut bien m'expliquer en détail sur quoi portoient ces changemens, et nommement sur la remonte et le charriage dont l'organisation va être en partie imitée d'après celle des armées autrichiennes.

L'Empereur me parut avoir sur tous ces objets de détail des idées très claires; il n'y a pas de doute, que le ministère de la guerre met une activité étonnante dans la reforme de mille abus que les anciennes administrations vicieuses avoient introduits. L'Empereur me parla encore avec complaisance du complet parfait de tous les corps, des quatre bataillons qui, composés de gens dressés depuis un an, sont destinés à remplacer promptement les pertes à l'armée, et enfin d'une levée de cent mille hommes qui se fera au moment de l'explosion de la guerre, et qui recomplettera à fur et mesure cette reserve des quatre bataillons. Ce n'est qu'ainsi, disoit l'Empereur, qu'on pouvoit espérer de soutenir une guerre avec la France; qu'il ne falloit pas se cacher qu'on n'avoit personne à opposer au génie extraordinaire du plus heureux, ainsi que du plus entreprenant Capitaine de notre siècle, et qu'il falloit renoncer à l'égaler. Quant à ses généraux, ajouta-t-il, on voit qu'ils ne sont pas invincibles; mais s'il commande lui-même ce n'est qu'en étant préparé à soutenir une guerre de dix ans, s'il le faut, qu'on peut espérer de lasser ses trouppes et d'épuiser ses moyens. Cette idée l'occupoit fortement, et ce fut en abondant dans ce sens que l'Empereur m'expliqua pourquoi entre autres raisons, il préféroit de faire la guerre sur ses frontières que d'aller au devant de l'ennemi. Je voyois au ton de conviction dont il m'en parloit que cette thèse souvent discutée devant lui n'avoit fait que l'affermir dans sa résolution à se tenir sur la défensive. La Russie, selon l'Empereur, a de grands moyens, mais Elle est génée par l'immensité des distances dans l'intérieur; elle doit donc réparer ce qu'elle perd de ce côté en usant de célérité et en éloignant les armées aussi peu que possible; au lieu que les armées françoises loin de leur pays, le soldat exposé à un climat âpre, à une nourriture mal assurée, à la ressource de l'eau de vie qui ne lui convient pas, auroit mille chances à son desavantage. Je sais bien, dit S. M. qu'on ne cesse de crier, qu'il faut aller à la rencontre de l'ennemi et porter la guerre dans ses états; je connois toutes ces grandes phrases sur l'avantage de l'offensive; mais ce sont d'anciens lieux communs et qui s'appliquent mal à la conjoncture actuelle. Trouvant S. M. plus disposée que jamais à me parler avec abandon, je pris la liberté de lui demander si peut-être la Cour de France ne s'était pas fait un système d'entretenir pendant un temps indéfini cet état de tension, dans l'espoir de déranger les plans de reforme de finance de la Russie; en lui causant de grandes dépenses par ce cordon de troupes réunies sur une même frontière et mises sur un parfait état de guerre. On se trompe fort, me répondit l'Empereur,

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