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pression a été ressentie d'avantage en dernier lieu, les Administrateurs des Alliés trouvant les autorités Saxonnes plus récalcitrantes à satisfaire aux livraisons qui leur ont été imposées, et presque s'y refusant depuis qu'elles ont été instruites de l'appui qu'offroit à leur souverain la cour d'Autriche.

C'est à la même cause qu'on attribue aussi le changement de langage du général Thielmann.

Voici les faits tels que je les sais d'après bonne source.

Le général Thielmann commandant à Torgau avoit entamé des négociations avec les Russes tendantes à utiliser en leur faveur cette forteresse sans néanmoins la remettre entre leur mains. Elle auroit du servir de point d'appui aux Russes, ils auroient pu passer sous son canon, tandis qu'il auroit repoussé toute approche des François etc. Soit que ce général crut alors que le Roi seroit entrainé à se jeter tout à fait entre les bras de la France, ce qui causoit le plus mauvais effet parmi ses sujets, ou que ce général crut que l'attitude de l'Autriche se développeroit plutôt, ou enfin qu'il se soit laissé entrainer trop loin et plus, qu'il n'en avoit le dessein dans ses pourparlers avec les Russes, il paroit qu'il leur promit les avantages précités et d'autres encore relatifs à l'organisation de nouvelles levées, si le Roi ne se rangeoit pas du côté des Alliés dans un laps de temps déterminé. Depuis qu'il a appris que Sa Majesté s'est rattachée à notre systême de médiation armée et s'est rapprochée de ses États, ce général est moins coulant et doit être revenu sur les espérances ou promesses qu'il avoit données se refusant à se prêter aux facilités sur lesquelles les Alliés comptoient, sans l'ordre du Roi. C'est lui qui a expédié Mr. de Carlowitz près de ce souverain et la question relative à l'utilisation de Torgau forme une partie de sa mission.

De même les autorités royales, à la suite du parti qu'a pris le Roi, ont commencé à opposer des obstacles à la levée de l'impôt de guerre de 500,000 Thaler, (c'est à dire un emprunt de 400,000 Thaler et 100,000 des caisses Royales) que Mr. le Baron de Stein, Chef en second de l'Administration a demandés à la Saxe et en décompte desquels il accepte des livraisons, fournitures etc. Dans cette somme ne sont point compris 66,000 Écus levés a Leipzig par le général Winzingerode, et plusieurs argens tirés d'autres Caisses du Roi dans divers lieux. Comme l'article ci-dessus touche les besoins de l'Armée et qu'il est plus difficile de transiger avec eux qu'avec d'autres objets, hier matin les Administrateurs des Alliés c'est à dire Mr. de Stein pour la Russie et Mrs. de Schön et de Rehdiger pour la Prusse, adressèrent un office à la commission immédiate, l'invitant de la manière la plus pressante à satisfaire 200,000 Thaler jusqu'au 1. Mai à compte des 500,000, lui faisant sentir combien il seroit pénible aux Alliés de devoir faire lever eux mêmes cette somme et d'user de moyens coercitifs à cet effet, ce qui auroit lieu sans délai en cas de négative on de rénitence.

Cet avis joint au projet de déclarer dissoute la commission immédiate a fort effrayé les membres qui la composent, et plusieurs d'entre eux notamment Mr. de Zeschwitz conseiller privé de finances et monsieur de Nostitz sont venus me consulter sur le parti qu'ils devoient prendre.

J'avois eu la veille incidentellement un entretien avec Mr. de Stein à cet égard, où il m'avoit paru très decidé à mettre en oeuvre toutes les voies possibles pour faire réussir ses mesures (entravées disoit-il, par nos arrangemens),

et à donner toute l'application au principe des Alliés exposé à Votre Excellence, c'est à dire, que le Roi ne sauroit rester neutre et qu' Il devoit faire cause commune avec eux ou en cas contraire, ils étoient décidés à régir son État d'après leur avantage sans autre considération.

Messieurs de Nostitz et de Zeschwitz ne me dissimulèrent point que la commission dans ses réponses avoit fait sentir que toute atteinte portée à l'autorité du Roi seroit blesser et s'aliéner la cour de Vienne et que sans le consentement du Roi elle ne pouvoit se prêter aux demandes des Alliés; elle allégua la détresse de la Saxe après une mauvaise année de récolte, et le besoin de ne pas épuiser le pays puisque Sa Majesté se trouveroit hors d'état alors de procéder aux armemens nécessaires, si Elle épousoit la cause des Alliés. Mrs. de Nostitz et de Zeschwitz désiroient des conseils sur l'office pressant qu'ils venoient de recevoir. Je leur assurai ne point connoitre la nature des engagemens pris avec le Roi et n'avoir aucune instruction de ma cour ce qui excluoit tout conseil de ma part; qu'ils ne devoient consulter que leur devoir et l'intérêt de l'Etat. Pressé encore par eux je leur répondis de même, ajoutant qu'il me paroissoit avantageux de prévenir des démarches de la part des Alliés, dictées par les besoins de l'armée et qui pourroient élever une plus grande barrière entr'eux et leur Souverain, que peut-être en donnant quelques témoignages de meilleure volonté gagneroient-ils le temps nécessaire pour connoitre les intentions de leur Souverain, et attendre le retour de Mr. Carlowitz.

Monsieur de Nostitz avoit opiné dans ce sens; il me demanda instamment un passeport, pour se rendre à Prague près du Roi, afin de l'instruire du véritable état des choses croyant que Sa Majesté lui prêteroit plus de confiance qu'à Mr. de Carlowitz créature du Général Thielmann, aujourd'hui tombé en quelque discrédit près des Nationaux et près des Alliés. Je me suis prêté à la réquisition de Mr. de Nostitz et il est parti hier après midy.

Je viens d'apprendre que la Commission immédiate suivant les instructions secrètes du Roi, s'est résolue à se refuser encore, quoique dans des termes très doux et très modérés, à l'invitation pressante du Conseil administratif, allégant le défaut d'argent, le besoin de sommes pour faire des achats de grains dans la Silésie et l'utilité pour les Alliés mêmes de ne point fatiguer un Pays qui devroit peut-être sous peu développer toutes ses ressources en leur faveur.

J'espère ne point m'être écarté du rôle strictement passif que me dictent ma position au quartier général, et le défaut d'instructions de Votre Excellence. Elle peut juger du déplaisir qu'éprouvent les cours Alliées de voir arrêter les opérations sur lesquelles elles comptoient par un arrangement dont elles nous reprochent surtout, de leur avoir fait un profond mystère jusqu'au moment de sa conclusion.

Je fis mes visites à Mrs. les Ministres et membres de la Commission immédiate par billet, afin d'éviter de me trouver dans le cas de causer de leurs affaires, et à diner chez le Roi de Prusse hier j'éludai de même les occasions d'entrer en matière avec eux, d'autant plus que j'étois observé.

Je suis depuis trop peu de jours ici pour avoir pu fixer mon opinion sur l'esprit public à la suite de mes propres observations, excepté en ce qui regarde la haine vouée aux François; celle-là domine généralement. C'est aussi pourquoi le parti qu'a pris le Roi a produit le plus heureux effet sur l'esprit

de la Nation; on espère que notre rôle sera bientôt actif et que la Saxe suivra notre impulsion et celle du Nord de l'Allemagne. Il m'a paru que Mrs. les membres de la Commission craignent qu'un plus long éloignement du Roi, ou uu refus de sa part de faire cause commune avec les Alliés, n'entraîne le fâcheux résultat, de diminuer l'affection de ses peuples dont Il jouit assurément et n'expose outre cela le Pays à être bien plus foulé par les Alliés.

Il l'est déjà involontairement et malgré la discipline sévère qu' observe l'armée, mais cela tient à des défauts d'organisation et au gaspillage prodigieux des vivres.

Dernièrement j'informai Votre Excellence que l'on organisoit des bataillons de levées Saxonnes pour le compte des Prussiens et je tombai en cela dans l'erreur générale. Il est vrai que des bataillons s'organisent mais ils sont formés par les contingens de Saxe Weimar et d'autres Princes des branches de Saxe, qui ont été enlevés presque en masse par quelques cosaques à Eisenach, et dans d'autres lieux. Ils sont passés ainsi que leurs officiers au service de la Prusse.

Jusqu'ici il n'y a eu aucune levée ni organisation de troupes dans les Etats du Roi du côté des Alliés mais si ce Souverain repousse les dernières invitations pressantes qu'on lui a adressées, il seroit possible que la conséquence en fut la dissolution immédiate de la Commission, et l'établissement des mêmes mesures qu'en Prusse, relatives à la formation de troupes, d'une Landwehr et de levées en masse ou Landsturm; je ne m'étonnerois point que l'on trouvât plus de facilité dans la Nation pour réaliser ces projets qu'on ne le suppose généralement, tel est le désir que chacun éprouve de voir cesser les maux que l'Alliance françoise a entraînés avec elle dans ces Pays.

J'ai l'honneur de soumettre à Votre Excellence une lettre qui circule dans ce moment ici, et qui fait beaucoup de sensation à Dresde. Veuillez agréer, monsieur le Comte, l'hommage de mon respect

Lebzellern.

P. S. Le conseil administratif ne se portera à aucune mesure rigoureuse jusqu'au retour de Mr. Carlowitz. Monsieur de Hardenberg n'attend que cette époque, supposé que cette mission soit sans succès, pour adresser à la Cour de Vienne une démarche au sujet de la Saxe.

38.

Instruction au Comte de Stadion.

Vienne, le 7. Mai 1813.

Le moment de la crise la plus décisive pour le sort futur de l'Europe s'approchant, et nos rapports avec les grandes cours devant se fixer définitivement, Nous nous sommes décidés à envoyer le Comte de Stadion au quartiergénéral Russe. Nous l'accréditons par les lettres ci-jointes près de Sa Majesté Impériale l'Empereur Alexandre, et près Sa Majesté le Roy de Prusse.

Le Comte de Stadion a été mis au fait de nos transactions antérieures, tant avec la France qu' avec les cours alliées. Notre attitude vis-à-vis de la première de ces Puissances se trouve définitivement fixée par les dernières

explications qui ont eu lieu ici entre le Comte de Metternich et le Comte de Narbonne.

Le Comte de Stadion trouvera dans l'annexe No. 3 une copie de la Note de l'Ambassadeur de France, en date du 21. Avril, et de la réponse qui lui a été faite. Nous avons cru devoir accompagner cette dernière d'une lettre autographe à l'Empereur des Français, laquelle se trouve également jointe aux présentes instructions.

Ces transactions, ainsi que les ouvertures que nous avons faites aux cours du Nord, fixent notre attitude de médiateur armé; Notre langage devra être conforme à cette attitude; Nos préparatifs et dispositions militaires nous offriront pour le cas que nos voeux et nos soins en faveur de la paix ne fussent point couronnés de succès, les moyens de soutenir notre langage, et de paraître en scène comme puissance principale intervenante.

Il s'agit de fixer maintenant à Notre plénipotentiaire près des cours alliées des points de vue prononcés sur notre manière d'envisager le but auquel nous tendons, et les moyens que nous croyons devoir employer pour l'atteindre.

La révolution française et ses suites ont bouleversé plus ou moins tous les anciens rapports entre les puissances de l'Europe. La France et ses confédérés ont tout conquis sur le continent; c'est donc à eux seuls à rendre. La France a d'un autre côté perdu tout au delà des mers. La domination de l'Angleterre sur cet Élément n'est pas moins monstrueuse que ne l'est celle de Napoléon sur le continent.

L'Angleterre doit donc mettre de justes compensations dans la balance de la paix. Telle serait la question, placée dans sa plus grande simplicité; et telle serait la base la plus naturelle d'une pacification générale, si cette paix générale ne semblait soumise à des obstacles à peu près insurmontables dans la position actuelle des choses. Les dernières nouvelles directes de l'Angleterre ne prouvent que trop, combien le système d'une guerre sans terme paraît encore être celui de ce gouvernement.

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Nous eussions acquis la conviction, si déjà nous ne l'avions eu, que la paix entre la France et l'Angleterre, et même une négociation pour amener la paix maritime, ne peut être que la suite d'un arrangement continental, et c'est à ce dernier que nous sommes le plus directement intéressés, et par conséquent le plus immédiatement appellés à contribuer.

L'alliance contractée entre les puissances du Nord et l'Angleterre ne laissant pas que de compliquer les questions; il a fallu réserver nos explications définitives jusqu' au moment où nos forces militaires auraient acquis assez de consistance pour nous permettre de consulter, et de nous reposer d'avantage sur notre propre poids; pour nous permettre ds nous placer, pour ainsi dire, en face des questions, et de décider nous mêmes quel est le côté que nous voulons soutenir, sans nous arrêter à des considérations secondaires, qui naguères, et sans moyens militaires tout prêts, eussent pu entraver et même arrêter notre marche.

Si la forme de la médiation nous permet encore de mettre dans notre conduite d'utiles nuances jusqu'à l'époque où la marche de nos troupes sera consommée, nous ne sommes toutefois plus dans le cas de subordonner à cette forme le noble but que nous nous proposons.

Onden, Oesterreich u. Preußen 1813. II.

41

Le Comte de Stadion déployera dès son arrivée au quartier-général Russe et Prussien, l'attitude de l'Envoyé d'une puissance médiatrice principale. Il ne laissera aucun doute que nous avons le sentiment le plus complet de notre position; que nos conseils et nos moyens d'exécution sont entièrement indépendans; que nous avons choisi parmi plusieurs, la marche que nous suivons, comme la seule que nous ayons pu admettre comme généralement utile; que rien enfin ne saurait nous en faire dévier.

Le Comte de Stadion posera en principe:

1. Que Nous voulons la paix; non un état de choses précaire, mais un arrangement général qui replaçât les rapports géographiques et politiques des puissances sur des bases justes et par conséquent durables.

2. Que nous sommes loin de confondre avec un pareil ordre de choses, le retour à un status quo tout à fait ancien, convaincus, que vouloir revenir à ce qui n'est plus, serait s'égarer et user en vain des précieux moyens pour établir un ordre de choses nouveau et conforme à tous les intérêts.

3. Que nous avons la conviction qu' un véritable état de repos ne saurait exister sans la paix générale et maritime. Que nous plaçons en conséquence cette paix dans la première ligne de nos voeux.

Dans la supposition que les cabinets Russes et Prussiens dussent faire quelque difficulté à aborder la question générale, sous le prétexte de devoir connaître avant tout, et avant de nous répondre, les vues de l'Angleterre, le Comte de Stadion répondra:

4. Que nos vues directes ne portant pas moins sur la possibilité d'arriver à la paix générale par un arrangement continental, qui en réduisant la puissance française à de justes bornes, menerait, comme résultat, nécessairement à la paix maritime, Nous sommes décidés à ne pas borner nos propositions de paix à la seule question maritime, et à aborder préalablement, et s'il le fallait même, isolément, la pacification du continent.

5. Le Comte de Stadion demandera en conséquence aux deux cabinets, quel est le but qu'ils se proposent d'atteindre et par conséquent quelles sont leurs vues sur un arrangement général et sur des arrangemens entre les puissances continentales; ce qu'ils entendent, en un mot, par la paix.

Il est hors de doute que le résultat de la première bataille influera éminemment sur la détermination des puissances. L'Empereur des Français battu, ne semblera aux alliés plus à redouter, et leurs demandes augmenteront beaucoup; tandis que Napoléon victorieux, la Russie sera peut-être toute prête à abandonner la partie; Plus nos vues portent dans la présente occasion le caractère de la plus entière indépendance, plus nous désirons arriver à un terme heureux, et à prévenir, si faire se peut, les chances d'une nouvelle guerre, et plus nos explications vis-à-vis des puissances devront porter l'empreinte de la modération. Nous donnons dans l'annexe No. 5 un précis des conditions que nous plaçons comme le maximum, et comme le minimum de nos prétentions. Mr. le Comte de Stadion aura plusieurs préjugés à combattre. Le premier sera la supposition, que notre attitude politique pourrait être soumise aux événemens de la guerre; Il ne lui sera pas difficile de prouver aux deux cabinets, que cette attitude ne saurait plus varier ensuite de succés ou de revers de l'Empereur des français; mais que sans doute il ne saurait entrer dans un point de vue raisonnable, de ne pas nuancer les conditions que l'on se croirait

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