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en droit de prononcer vis-à-vis de ce souverain, d'après le plus ou le moins d'embarras que pourra offrir sa situation. La seconde supposition sera celle, que notre marche politique tendrait au fond à tenir le plus longtems que faire se pourra nos moyens militaires dans l'inaction. Le Comte de Stadion prouvera par les plus simples raisonnemens, que loin d'avoir de l'intérêt à faire pêser sur nos provinces les charges d'une armée aussi considérable que l'est celle que nous mettons sur pied maintenant, nous aspirons avant tout à rapprocher le terme où ce fardeau pourrait se trouver réduit, on par un prompt accord entre les puissances, ou par des opérations militaires qui nous permettront de porter nos forces hors de nos frontières.

Pour mettre le comte de Stadion à même de préciser l'époque à laquelle nos forces seront prêtes à agir, nous lui confions sous le No. 6 les dévis militaires ci-joints qui ne laisseront rien à désirer à l'Empereur Alexandre sur les détails des mouvemens de notre armée.

Le Comte de Stadion se convaincra bientôt par ses premières conversations avec les deux souverains et leurs ministres, qu'une grande incohérence règne dans leurs conseils et dans leurs plans. Il ne leur laissera point de doute, combien nous désapprouvons qu'ils se soyent déjà occupés de tant de détails; combien nous prévoyons, que des questions secondaires sont faites pour égarer les puissances de la véritable voie; Il leur fera sentir surtout que notre plan porte sur l'union la plus forte des moyens dans un seul et même, but; celui de réduire la prépondérance exagérée de la France en de justes limites, et que nous soumettons à ce point de vue tous les arrangemens particuliers entre les puissances unies dans ce même sens.

Nous résumons la présente Instruction principale aux points suivans:

1. En qualité de puissance médiatrice, et après nous être placés, tant par de considérables armemens, que par le dégagement de l'attitude d'auxiliaire de la France dans la présente guerre, dans la seule attitude qui convient au rôle de médiateur, nous faisons une démarche vis-à-vis des puissances en guerre. Cette démarche doit, dans le terme le plus limité, c'est à dire, avant la fin de Mai, résoudre avec une évidence plénière la question, si l'Empereur des Français, ensuite d'une victoire nouvelle ou d'une défaite, serait prêt à écouter la voix de la modération et de la raison.

2. Nous nous reposons avec une entière confiance sur le zèle et sur l'expérience éprouvés du Comte de Stadion, quant au choix des nuances qu'il croira devoir employer, suivant la position des choses, au moment de son arrivée au quartier-général pour porter les cabinets alliés à s'expliquer cathégoriquement sur leurs vues finales relativement à la paix. Il ne négligera rien pour amener une négociation instantanée, et pour convenir des bases d'une coopération active militaire de notre part dans le cas de la non-réussite de nos soins en faveur de la paix.

3. Le Comte Bubna partant à la même époque que le Comte Stadion pour se rendre au quartier-général de l'Empereur Napoléon, Nous autorisons le Comte de Stadion à établir avec lui tous les rapports directs qu'il jugera utiles au bien de notre service, et au but que nous nous proposons dans la démarche uniforme que nous faisons vis-à-vis des puissances en guerre. Il en est de même d'une correspondance avec le général commandant le Corps d'armée

en Bohème, que le Comte de Stadion établira et continuera d'après ce qu'il jugera necessaire et utile.

Le Comte de Stadion trouve dans les annexes sous le No. 7 et marquées des lettres A. jusqu'à des points d'instruction sur des objets séparés qu'il aura à considérer comme faisant partie de la présente instruction principale. François ..

No. 5. Une paix continentale bonne seroit:

1. Le rétablissement des pays constituant l'ancien royaume de Pologne dans l'état avant la dernière paix de Vienne.

2. Le rétablissement de la Prusse dans ses anciennes possessions dans le nord de l'Allemagne.

3. La restitution de la part de la France de tout ce qu'elle a en Allemagne au-delà du Rhin.

4. La Hollande, pays indépendant de la France.

5. La restitution de toutes les provinces françaises en Italie.

6. Le rétablissement du pape dans ses possessions Italiennes.

7. Pour l'Autriche, la frontière en Italie, telle qu'elle avoit jusqu'à la paix de Luneville. La frontière du Mincio ou de l'Oglio avec les forteresses; le Tirol et l'Inn; les provinces Dalmatiennes et le retour de tout ce qu'elle a perdu de ce côté-là par la paix de Vienne.

8. Pour l'Allemagne, cessation de la suprématie de Napoléon. Etablissement d'un système quelconque qui réunisse les intérêts de ce pays à ceux de l'Europe.

9. Le royaume d'Italie hors des mains de l'Empereur des Français.
Le minimum des prétentions de l'Autriche dans une paix devroit être:
1. Le recouvrement des provinces Illyriennes y compris la Dalmatie.
2. La cessation du Duché de Varsovie.

3. Une nouvelle frontière contre la Bavière.

Le minimum des prétentions des Puissances.

1. Le retour de la Prusse méridionale au Roy de Prusse.

2. La renonciation de l'Empereur de Français à ses départemens d'outre-Rhin. 3. La rénonciation à la confédération du Rhin, du moins en partie ou avec des modifications.

39.

Lettre de S. M. l'Empereur d'Autriche à S. M. l'Empereur de toutes les Russies.

Vienne, le 7. Mai 1815.

Monsieur mon frère! Si je suis en retard de réponse à la lettre aussi amicale qu'aimable que V. M. I. a bien voulu m'adresser de Breslau, je ne le suis pas en fait du sentiment le plus vrai d'amitié que depuis longtems Elle m'a inspiré. Si Teplitz n'était pas aussi éloigné de Vienne rien n'aurait pu m'empêcher d'aller faire les honneurs de ce lieu à V. M. I.: le calcul des distances n'eût assurément pas suffi pour m'empêcher d'entreprendre ce voyage; mais ma présence dans ma Capitale est trop nécessaire pour activer

les moyens de servir une cause qui nous est commune pour que je ne subordonne pas à cette considération les projets les plus flatteurs. J'espère néanmoins que V. M. I. ne quittera pas des contrées voisines de mes États sans que j'aie eu le bonheur de La rencontrer.

Nous sommes arrivés à l'époque la plus importante des temps modernes. C'est aux généraux efforts de V. M. I. et à sa persistance que l'Europe doit déjà les chances de repos qui font essentiellement l'objet de mes soins. Le Comte de Stadion est à même de Vous donner, Monsieur, mon frère, des détails très circonstanciés sur le développement considérable des forces que je place dans la balance de la paix.

Je forme des voeux pour qu'un ordre de choses désirable en Europe puisse être atteint sans effusion ultérieure de sang. Nos forces réunies, dirigées d'après un point de vue fixe, et dans l'accord le plus parfait, nous feront, il n'en faut point douter, arriver dans la supposition contraire au plus noble but que puissent se proposer les Puissances.

Recevez l'assurance du bien constant attachement ainsi que de la haute considération avec laquelle je suis etc.

40.

Instruction pour le Comte de Bubna.

(Signée par Sa Majesté l'Empereur.)

Vienne, le 11. Mai 1813.

Le Comte de Bubna que nous avons choisi pour aller porter à l'Empereur des Français les explications qui devront fixer définitivement nos rapports avec ce Souverain, se rendra en droiture au quartier-général de Sa dite Majesté.

Nos transactions avec la France étant connues à monsieur de Bubna jusques à l'époque de son départ de Paris, nous ne joignons aux présentes instructions que les pièces diplomatiques, échangées en dernier lieu entre les deux cours.

Le Comte de Bubna remettra à l'Empereur Napoléon la lettre autographe ci-jointe dont nous joignons en même tems une copie pour sa seule connaissance particulière. Le contenu de cette lettre fixe parfaitement l'attitude que devra prendre le Comte de Bubna vis-à-vis de Sa Majesté Impériale.

Le Comte de Bubna s'expliquera sur sa commission dans le sens suivant: Nous avons jusqu'à présent constamment tenu l'Empereur des Français au courant de notre marche. Il serait superflu de revenir ni sur cette marche ni sur les principes, d'après lesquels nous agissons.

L'Empereur Napoléon ne peut plus douter, que nous ne visons qu'à la paix; que ce voeu, que nous partageons avec tous les gouvernemens, est fondé sur la plus urgente des necéssités, sur un besoin, que l'intérêt de l'Empereur des Français ne réclame pas moins ouvertement que le nôtre; celui de ne pas pousser les peuples à bout en les accablant de charges, insoutenables à la longue, et sans but.

Tant de considérations réunies nous ont porté depuis longtems à diriger tous nos calculs sur les moyens, d'arriver à un dénouement désirable; nous

avons commencé par nous placer vis-à-vis des puissances belligérantes dans l'attitude d'une puissance intervenante; nous avons fini par déployer celle de puissance médiatrice; la seule attitude qui finalement peut servir la cause de la paix en établissant un juste accord entre notre langage et nos moyens militaires. Nous avons envoyé le Comte de Stadion au quartier-général Russe et Prussien; le Comte de Bubna trouve ci-joint un Extrait des instructions dont se trouve muni ce Ministre. Cet extrait ayant été communiqué confidentiellement au Comte de Narbonne; le Comte de Bubna pourra en faire tel usage qu'il jugera utile pour fixer l'opinion de l'Empereur des Français sur les démarches que nous avons faites vis-à-vis des cours alliées. Il ne pourra s'empêcher de trouver, que les formes, desquelles nous usons vis-à-vis d'elles ne soyent aussi peremptoires que celle que nous deployons envers lui, et nous tenons à cette nuance; connaissant l'esprit de Napoléon, nous désirons aussi peu, qu'il puisse supposer que nous visons à obtenir de lui par des menaces ce que nous attendons encore d'un accord parfait de vues, que nous devons tenir à ne point lui laisser de doute, que si, contre toute attente, il devait écarter la voix de la modération et de la sagesse, nous nous verrions jusqu'à regret forcé à soutenir nos vues généralement bienfaisantes, par la force des armes.

Le Comte de Bubna trouve dans l'annexe un devis militaire, que nous avons fait dresser à cet effet, et duquel il pourra faire usage vis-à-vis de l'Empereur des Français. Nous désirons lui prouver, que c'est avec un plein fondement que nous placerions, dans le cas le plus opposé à nos voeux, sur nos propres forces notre entière confiance pour le soutien de la cause, que nous aurions à défendre.

Les points de vue que le Comte de Bubna aura à faire valoir vis-à-vis de l'Empereur des Français avec une entière franchise sont les suivans:

I. Points de vue généraux.

1o. Une paix générale et maritime serait sans contredit la plus désirable; les nouvelles que nous avons d'Angleterre (et qui ont été communiquées à l'Empereur Napoléon) ne nous laissent cependant que peu d'espoir de voir cette puissance, qui sous tant de rapports a un intérêt divergent de celui des puissances du Continent, se ranger de but en blanc au simple voeu de l'Autriche d'entrer en négociation. L'Angleterre devra être conduite à une négociation par l'exemple des autres puissances, et ne pourra peut-être forcée à la paix que par une paix continentale, qui la laisserait eutièrement isolée et abandonnée aux efforts de la France.

2o. L'Empereur admet en principe, que l'idée d'une paix générale ne saurait être admise que sur la base de cessions de la part de la France, qui a tout conquis, et de compensations de la part de l'Angleterre.

II. Points de vue particuliers.

30. L'Empereur croit qu'une paix continentale possible serait celle qui stipulerait:

a. La révocation de l'existence politique du Duché de Varsovie et l'emploi de ses domaines actuels pour le renforcement des puissances intermédiaires.

b. Le retour des provinces Illyriennes à l'Autriche avec frontière du côté de l'Italie.

une bonne

c. La rénonciation de la France aux départemens d'Outre-Rhin en Allemagne.

Une question, qui certainement sera remise sur le tapis par les puissances, est celle du Protectorat de Napoléon sur l'Allemagne. Le Comte de Bubna dira à ce souverain, que nous ne mettons pas cette question en avant comme une question Autrichienne; que l'on se tromperait fort, si on pouvait supposer, que nous eussions l'envie la plus éloignée de nous charger de la direction des rapports politiques de l'Allemagne; que nous sommes loin cependant de ne pas partager la conviction, que l'indépendance des États Allemands sous la garantie des grandes puissances, offrirait de véritables utilités tant à la France qu'au reste de l'Europe par les chances de tranquillité qu'établirait un pareil ordre de choses. En admettant le principe incontestable que rien ne saurait mieux assurer le repos des grands Empires, que l'interposition d'autres corps politiques propres à diminuer le frottement naturel entre les grandes masses, nous prononçons le sort de l'Allemagne. Le Comte de Bubna aura soin de ne toucher cette corde que de la manière que nous venons de l'indiquer. C'est à dire, il fera principalement pressentir à Napoléon, que si les puissances devaient mettre la question du Protectorat sur l'Allemagne sur le tapis, nous croirions devoir soutenir l'idée de l'indépendance de cette intéressante contrée sous la garantie des puissances, comme réunissant les véritables intérêts de toutes.

Un autre arrangement de frontières entre nous et la Bavière est un objet que le Comte de Bubna pourra toucher par forme de conversation.

Telles sont les lignes principales de conduite, que nous traçons au Comte de Bubna. Nous nous reposons avec une confiance plénière sur la connaissance, que le Comte de Bubna a du caractère de l'Empereur des Français, pour toutes les nuances qu'il aura à mettre dans les rapports délicats, dans lesquels il se trouvera placé vis-à-vis de lui.

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Le Comte de Bubna ne perdra jamais de vue les véritables points desquels nous partons. Modération extrême dans nos demandes; sentiment d'amitié pour l'Empereur des Français et de confiance dans sa sagesse; Désir d'arriver le plus promptement possible à un état de paix, et d'arriver à cet état sans faire courir à Napoléon et à nous les chances d'une levée de bouclier.

Si le Comte de Bubna devait avoir bien développé ces différentes nuances sans qu'elles eussent produit l'effet que nous désirons, il aurait à ne pas laisser de doute à l'Empereur, que unis par le sentiment le plus complet de nos devoirs, nous nous verrions forcés avec regret à défendre la cause que nous plaidons par la force des armes, nous confiant et dans la justice de cette cause, et dans le soutien de notre brave armée, et dans l'amour de nos peuples. Le Comte de Bubna dira à l'Empereur des Français, qu'il est chargé de se mettre - dans la supposition que Sa Majesté dût le désirer, ou pour abréger les lenteurs inséparables des grandes distances, en rapport direct avec le Comté de Stadion; il fera valoir ce fait comme une preuve de la confiance particulière, que nous vouons a l'Empereur Napoléon, le Comte de Stadion n'ayant reçu l'autorisation que de répondre aux ouvertures, qui lui parviendront en premier lieu par le canal de notre Plénipotentiaire aux quartier-général Français. Nous proposons Prague comme lieu de négociation. Si l'Empereur Napoléon devait trouver utile une convention momentanée d'armistice, le Comte de

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