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objets qui sans cela grossiraient la compensation à opposer par la France à la Grande Bretagne.

En partant de ce point de vue dont Mr. le Baron de Humboldt et Mr. le Baron de Hardenberg m'ont paru apprécier la justesse et le bon rapport avee notre situation, il nous sera facile de donner une solution satisfaisante à la plupart des remarques des Alliés. Mais comme cette discussion exige de ma part des développemens dont je ne puis embrasser aujourd'hui tous les détails, je me bornerai à faire préceder quelques remarques préalables.

Si nos conditions générales articulées dans l'office du 7. n'ont pas autant de latitude que Mr. le Baron de Hardenberg eut désiré y trouver, c'est ce que notre Cour ne pouvait mieux prouver que ses intentions étaient aussi efficacement et aussi sincèrement calculées sur la continuation éventuelle de la guerre que sagement combinées sur la possibilité des négociations, qu'en compassant le langage de sa médiation sur une ligne de modération. C'est de cette manière que celle-ci deviendra pour nous comme pour les Alliés la meilleure justification de la continuation de la guerre, en même tems que la reprobation universelle et inévitable des projets de l'Empereur Napoléon, et que dans le cas de réussite de la négociation elle nous vaudroit néanmoins des gages de securité qui ajoutés aux moyens actuels des Alliés amélioraient déjà très sensiblement la situation générale. D'ailleurs les limites posés à la première négociation, pour rester dans les termes de ce qu'on peut raisonnablement prétendre du Gouvernement français, n'excluent pas ce qui se reporte à la négociation subséquente, et aux moyens de compensation que l'Angleterre est en mesure de faire valoir.

Cette distinction des objets qui détermine la première tache du médiateur, sans préjuger ni les droits d'aucune autre puissance ni les siens propres, répond également à l'appréhension que Mr. le Baron de Hardenberg témoigne du côté de la forme. Loin de compromettre par là les engagemens du Roi envers l'Angleterre ou la Suede, son Ministère y trouve l'avantage de nous avoir acquis à l'intérêt général en laissant le tout en entier.

Ceci replace, comme Votre Excellence et Mr. le Comte de Nesselrode n'ont pas hésité à le faire, les questions de la Westphalie, de la Hesse et des possessions Allemandes de la Maison de Brunswic dans la cathégorie de la négociation subséquente.

En appliquant les principes de la médiation qui sont les seuls que notre situation puisse avouer, les seuls que la prudence nous permette de soutenir, nous ne pourrions nous charger avant la réunion des plénipotentiaires de la communication officielle envers l'Empereur Napoléon des Notes de Mr. le Comte de Nesselrode et de Mr. le Baron de Hardenberg en date du 16. Mai par les motifs sur lesquels je me suis expliqué hier dans ma dépêche à Votre Excellence. Ce serait à notre avis jouer le jeu de Napoléon qui habitué à mettre à côté de ses démarches pacifiques d'apparat, qu'il renouvelle de tems à autre, des obstacles réels et intrinséques à une pacification solide, ne demanderait pas mieux que de pouvoir commenter à son gré les propositions des Alliés et d'en faire sortir des moyens d'irritation favorables à ses idées de perpetuité de guerre continentale. Mais lorsqu'il aura dû consentir à nommer des plénipotentiaires à moins de se réfuser manifestement à la paix, et lorsque ses plénipotentiaires seront réunis à ceux des Alliés, rien n'empêchera qu'en communiquant les con

ditions générales dont la Puissance médiatrice se rend l'organe et le garant responsable, nous ne laissions ouverte la réserve de ce que les Alliés voudront y ajouter directement et en leur nom.

Cette gradation remplira également l'objet que S. M. l'Empereur Alexandre a eu en vue dans l'observation qui a été consignée dans la première condition du Resumé Litt. A.

L'addition des États de la Maison de Brunswic-Luneburg (Art. 1 du Resumé) appartient essentiellement aux moyens de négociation additionelle de l'Angleterre. Autant nous nous abstenons de les préjuger ou de leur préjudicier, autant il serait impossible qu'à l'entrée d'une négociation nous fissions vis-à-vis de la France une condition sine qua non de la restitution immédiate du seul gage direct dont la France est nantie envers la maison régnante sur le trône de la Grande Bretagne.

Pour ce qui est de No. 2. du Resumé de la Conférence du 10. cette reserve du Cabinet de Berlin ressort de la nature des choses, si la guerre a lieu, et au contraire, si on peut mener à bonne fin une négociation, elle est trop vague dans les termes et trop complèxe dans les intentions bien connues du Cabinet de Potsdam, pour que nous dussions anticiper sur l'avenir.

Je passe aux formes à donner à la négociation. Celle que nous proposons d'ouvrir est un corollaire de notre médiation; elle est une conséquence naturelle de l'armistice, elle répond à l'espoir, à l'attente de l'Autriche, de la France, de l'Europe entière, elle laisse la faculté à l'Angleterre d'y intervenir, et dans tout état de cause, son résultat non seulement se coordonne, comme préliminaire, à la paix générale, mais fait de celle-ci une condition. Les Alliés en traitant en première ligne des objets qui se raccordent avec les vues de l'Angleterre ne s'en séparent ni pour la forme, ni pour les fonds. Ainsi les relations et les engagemens de la Russie et de la Prusse envers l'Angleterre et la Suede restent en leur entier. C'est donc sans motif réel, et sans motif d'utilité que nous nous en écarterions, mais il y a plus, ce ne serait plus une médiation de notre part, du moment où nous nous chargerions de conduire exclusivement la négociation avec la France, sans l'intervention immédiate des plénipotentiaires russes et prussiens.

Il résulterait de cette démarche que la France serait en droit de nous considérer, ou comme voulant nous ériger en arbitres, ce qu'elle serait en droit de récuser, ou comme réunis dès ce moment aux Alliés, et elle serait en droit de se refuser à une négociation manifestement partielle. Ce serait done fournir gratuitement à l'Empereur Napoléon des prétextes plausibles aux yeux de sa nation pour se dispenser d'admettre une négociation. Au surplus il résulterait du mode proposé que les négociations des Cabinets Russe et Prussien ne seraient dans le fait que des Ministres auprès de S. M. l'Empereur d'Autriche. Or Sa Majesté Impériale est, ainsi que je l'ai dit à Mr. le Comte de Nesselrode, décidée à ne pas se tenir dans le lieu des Conférences de la paix.

Passant au rapport Litt. C. Nous voyons avec plaisir que Votre Excellence a sû faire entrer dans sa manière de voir Mr. de Humboldt, et nous relevons comme chose convenue 1o que c'est une paix et non pas des préliminaires, qu'il s'agit de conclure sous notre médiation. 2o que l'Angleterre et la Suede ne pourront être que contentes d'une telle paix préalable à la pacification générale.

Vous voudrez bien déclarer à Mr. de Hardenberg que l'évacuation des forteresses prussiennes par les troupes françaises ne saurait être mise en doute comme conditio sine qua non de notre part. Cette question nous a semblé en admettre si peu, que nous avons cru superflu d'en faire mention dans un article explicite.

La nouvelle de l'occupatiou du Tyrol par des troupes françaises ne se confirme pas. Le départ du Prince Royal pour Salzbourg où il passe ordinairement l'été, et le retour de plusieurs cadres du Lech par le Tyrol dans la direction de Verone paraissent avoir donné lieu à cette nouvelle. Recevez, Monsieur le Comte, l'assurance de ma haute Considération

Metternich.

51.

Comte Metternich au Comte Stadion.

Gitschin ce 14. Juin 1815.

Je vous demande pardon, mon cher Comte, de la longue dépêche, que vous recevez aujourd'hui. J'ai voulu vous écrire dans la journée et n'en ai pas trouvé le tems, il a donc fallu en charger Wacken et vous connoissez sa prolixité. Je vous aurois dit tout cela en bien moins de mots et d'une manière plus claire. Je suis tellement effrayé de la profusion de paroles de ma dépêche principale, que j'aime encore mieux arrêter le Courrier une demi heure et vous envoyer le présent Index de l'office.

Il s'agit donc de vous dire:

1. Que sur le point d'expédier le Courrier à Dresde avec l'invitation de la réunion des plenipotentiaires pour le 20. m'est arrivé votre Courrier. J'ai done sur le champ suspendu l'envoy du mien à Bubna.

2. Que vous aurez vû par ma dépêche d'hier les motifs qui m'ont empêché jusqu'à présent de communiquer avant la réunion des plenipotentiaires les bases Russes et Prussiennes. Un des grands et beaux motifs en faveur de ma thèse me paroît être le voeu de Napoléon de connoître ces bases d'abord — pour en faire sans doute un des beaux articles du Moniteur, et se moquer de tout le monde.

Ces bases n'ayant pas été présentées par les alliés dans le sens de la paix et pour arriver à la paix, Napoléon saisira très facilement ce côté fort peut-être dans les alliés, mais faible dans notre attitude.

3. Que l'idée d'Alexandre de ne pas envoyer de plenipotentiaires au lieu des négociations et pour les négociations est inadmissible. Parceque

a) Napoléon n'enverrait pas de plenipotentiaire de son côté, ou ce retireroit sur le champ celui, qu'il auroit envoyé - et cela avec raison, et il s'endormirait les violences.

b) Que nous sortirions tout à fait de nôtre role et que tout autant vaudrait ne pas même essayer de négocier. Les alliés diront bon à cette phrase, mais elle n'est pas dans le sens de l'Empereur.

Voici à peu près tout ce que Vous trouverez dans la dépêche. J'y ajoute que j'ignore comment les alliés entendroient négocier d'abord la paix générale dans

un terme de 5. Semaines. S'ils en trouvent les moyens qu'ils nous le fassent connoître nous ne demanderons pas mieux, et l'extrait ci-joint d'une dépêche de Bubna, qui ne peut être que pour votre connoissance particulière, vous prouvera que Napoléon ne demande pas mieux également que d'abord le Congrès. Cet enigme s'explique parceque les Alliés ne veulent pas la paix et que Napoléon veut trainer en long l'armistice. Je viens de charger Bubna de faire la même question à Bassano sur ce que Napoléon entend par un Congrès général de 5. Semaines.

Il me parait en dernier résultat, mon cher Comte, que nous ne sortirons pas de ce dilemma si je ne trouve pas moyen de me réunir à Vous autres pour 24. heures. Opotschna en fournit l'occasion; si l'Empereur Alexandre n'en veut pas ce que je saurai probablement demain ou après, je vous proposerai à vous un rendezvous quelque part à mi-chemin, peut-être Nachod. Tachez en attendant de faire renoncer vos Cabinets à l'idée saugrenue de la négociation par intermediaire une fois réunis dans un même lieu. Si on veut également d'un envoyé Suedois-Anglais, rien ne l'empêche, mais que nous avancions au oui ou au non dans le terme de l'armistice. On ne parviendra jamais à faire agir l'Empereur hors de la réunion des plenipotentiaires et de la preuve matérielle que Napoléon n'est pas même à accéder à ses 4. points. Je ne puis pas assez vous dire du reste, mon cher Comte, combien vos dépêches me réposent l'âme. Elles sont si fortes en raisonnement, vous vous battez si vaillament, que par vous et encore vous et trois fois vous, on arriverait à beaucoup dans notre triste pays.

Nous avons eu de grandes Conférences militaires aujourdhui. Le Prince Sch(warzenberg) est ici depuis hier. Il a porté à l'Empereur son grand plan, il l'a debattu aujourd'hui et l'Empereur, je suppose, l'adoptera demain. On vous l'enverra alors dès que faire se pourra, ou je vous l'apporterai à Opotschna. Toute la Landwehr vâ être mise sur pied d'ici au 20. Juillet, tout le reste de l'armée sera également mobilisé d'ici là. Vous savez que ce reste sont 8 regimens en Autriche, et dans les cercles avancés de la Hongrie. Toute l'armée de Galicie va se porter en avant.

on me

Dans ce moment arrive ici le Gl. Toll. Il fait honneur à son nom. Nous allions nous mettre à table chez l'Empereur, que l'on vient me dire qu'un Prince Russe me demande, je demande à mon tour, que l'est ce Prince, dit qu'on ne sait pas si ce n'est pas le Grand Duc Constantin. Je sors, je vois mon homme en grande uniforme, le Cordon par dessus l'habit et resplendissant comme une soleil. Schwarzenberg, qui se trouve ici, en est emparé, il l'empiffrera demain et le renverra dans la journée, car sa visite dans ces formes est par trop compromettant dans le lieu du séjour de l'Empereur. L'Empereur soupçonneux comme il l'est croit d'abord qu'il est question de le compromettre.

Le Gl. T. m'a dit ne rien savoir encore du départ prochain de l'Empereur pour Opotschna. Si effectivement ce Prince ne devait pas encore s'y rendre ou y aller tout a fait seul, alors je vous donnerai un rendezvous à la frontière pour causer avec vous pendant quelques heures et je l'estimai quasi mieux, Tout à vous Metternich m. p.

52.

Comte Metternich au Comte Stadion.

Gitschin, le 23. Juin 1813.

Je suis arrivé ici le 21. et y ai trouvé les rapports ci-joints du Comte de Bubna. Vous vous convaincrez par le dernier, que ma course à Opotschna parait avoir produit assez de sensation au Quartier-général français pour porter l'Empereur à une espèce d'invitation en règle de me rendre à Dresde.

L'Empereur m'ayant ordonné d'entreprendre ce voyage, je partirai d'iei dans le courant de la nuit prochaine. Je resterai la journée de Vendredi à Dresde, et serai de retour ici Samedi ou Dimanche.

Vous recevez dans la seconde annèxe la Note que j'ai adressée au Duc de Bassano en réponse à celles qu'il m'a fait parvenir. Vous vous convaincrez, Mr. le Comte, que nous restons entièrement fidèles à notre point de vue, et je regarde la course, que je vais entreprendre, comme le moyen le plus peremptoire pour nous faire voir clair sur le fond des questions. Tous les symptômes me paraissent prouver beaucoup d'inquiétude de la part de l'Empereur des Français sur le parti que nous prendrons, et je vous préviendrai le plus directement possible des résultats de mes observations.

Nous prenons en attendant les mesures les plus fortes pour nous mettre en état d'ouvrir la Campagne. J'ai chargé Mr. de Bombelles de remettre à V. E. un exemplaire de l'Édit sur l'organisation de la Landwehr qui vient d'être publié à Vienne. Ayant été dans le cas d'entretenir Mr. le Comte de Nesselrode sur tous les objets d'un intérêt majeur, je me refère à ce qu'il pourra Vous dire. Recevez etc.

53.

Comte Metternich au Comte Stadion.

(s. d.

1813) (Gitschin, le 23. Juin.)

Vous verrez par ma dépêche principale, que mon triste sort m'appelle à Dresde. Je comptai partir cette nuit, mais Nesselrode n'étant arrivé qu'à 8 heures du soir à Gitschin je n'ai pas pu me refuser à son instance d'attendre ici qu'il ait parlé à l'Empereur.

Sa Conversation ne menera à rien. Je ne crois pas, que l'Empereur ajoutera un mot à ses conditions sine qua non, parcequ'il est une fois roidi sur l'affaire. Mais ses dispositions sont très bonnes et bien meilleures depuis mon retour de chez vous. Tout ce que je lui ai dit, les données, qu'il a reçu sur la disposition des peuples, le fait même de mon invitation de me rendre à Dresde, qu'il regarde avec raison comme une preuve de faiblesse, font un bon effet sur lui, et je le vois depuis deux jours souvent impatient de savoir où il en est. Il a pris de nouveau les mesures militaires les plus étendues, et il ne reste rien à ajouter sous ce rapport.

*) Par le Courrier Lipscher expédié à 3 heures après midi.

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