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Je vous envoye pour votre connaissance particulière quelques dépêches des missions. Floret m'écrit que d'après les lettres les plus recentes de l'Espagne, les Anglais ont passé le 15. Mai le Duerò, et paroissent vouloir prendre l'affaire avec vigueur. Le Roi étoit encore à Valladolid, mais se disponait d'aller à Burgos. Le Général Bigarre avoît été envoyé en Espagne, pour (disoit-on) contre-mander les 40/m. hommes qui devroient partir à ce qu'on pretendait en poste pour l'Italie.

Tout à vous

Metternich m. p.

Vous trouverez dans le projet de Convention, que m'a montré Nesselrode quelques legers changemens qui ne portent que sur la rédaction et avec lesquels vous serez entendu. Rien ne s'oppose à la Signature.

Il me paroitrait très essentiel que vous poussiez de votre côté le Prince roial de Suede par l'organe de son envoyé au Camp allié. J'avoue, que je compte prodigieusement sur l'effet de sa coopération dans la position actuelle des armées. L'idée que je me fais de l'ouverture de la Campagne et que partage Schwarzenberg serait celle que l'armée autrichienne concentrée dernier l'Egrà (où elle và se porter à partir du 5. Juillet) prit une attitude offensive, mais qu'elle restat sur la défensive. Que l'armée Russe et Prussienne prit à l'expiration de l'armistice une offensive mésurée, et qu'elle poussat vers l'Elbe, que le Corps Suedois et allié dans le nord, enfin prit une vigoureuse offensive pour déloger Napoléon de la gauche de l'Elbe, et entrer en ligne avec les autres grandes armées. Vous pourriez dire sans difficulté que la coopération autrichienne depend plus ou moins de l'idée, que l'on aura de celle du Prince Royal, que cette dernière influe prodigieusement sur l'Empereur etc. etc.

L'Empereur permet au Prince Louis Lichtenstein de se rendre au quartiergénéral Russe et Elle vous authorise, mon cher Comte, à Lui avancer les fonds necessaires pour y paraitre avec dignité et sans faux frais pour Lui. J'en fais prévenir directement le Prince Louis.

54.

Comte Metternich au Général Comte Bubna.

Vienne, le 23. Mai 1813.

L'Empereur, auquel j'ai soumis le rapport détaillé que vous lui avez fait de vos premiers entretiens avec l'Empereur des Français, a été satisfait de l'attitude que vous avez eu soin de conserver vis-à-vis de ce Souverain.

Sa Majesté vous charge de retourner sans perte de tems au quartier Impérial et vous fait transmettre à cet effet les instructions suivantes :

Il n'existe que trois chances admissibles sur la position des choses telle que vous pourrez la trouver lors de Votre arrivée près de l'Empereur des Français. 10 Celle d'une bataille gagnée par l'Empereur des Français.

20 Celle que la force de la position des Russes ait retardé l'attaque française, ou que les alliés ayent accepté la proposition d'un armistice, et qu'ainsi nul événement militaire de conséquence n'ait marqué l'intervalle de Votre absence du quartier général Impérial.

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30 Celle enfin d'une bataille perdue par l'Empereur Napoléon, ou assez disputée par les alliés pour arrêter la marche des Français.

Ces chances diverses exigent des nuances différentes, et très distinctes dans votre conduite. Nous vous transmettons en conséquence pour chacune des règles de conduite fixes.

Chance première.

Vous aurez, dans la première supposition ci-dessus posée, à dire à l'Empereur des Français:

a. que vous avez rendu compte à notre auguste maître de vos entretiens avec lui; que vous êtes chargé de répondre;

b. que l'Empereur ne désire que la paix; qu'Il a de tous tems en soin de placer des réserves explicites contre la supposition qu'll puisse regarder l'alliance avec la France comme rompue; et qu'Il a armé uniquement dans l'intention d'amener le plus promptement possible une heureuse fin, en soutenant par une attitude imposante des bases de paix modérées contre des idées et des Voeux chimériques et exagérés;

c. qu'il n'entre pas dans nos vues d'amener Napoléon à la paix par des menaces; que nous ne pouvons fournir une preuve plus convainquante de cette vérité, qu'en expliquant notre marche de la manière suivante:

Nous avons porté à la Russie et à la Prusse notre simple voeu d'arriver à la paix, et nous avons invité ces deux puissances à s'expliquer sur les conditions qu'Elles regarderaient comme admissibles. Nous attendons d'heure en heure leur réponse détaillée. Ces Puissances se sont toutefois déjà déclarées être prêtes à entrer en pourparlers avec la France: par notre intermédiaire. Nous en agissons différement avec l'Empereur des Français: nous désirons nous entendre avec lui sur les arrangemens qui pourraient lui convenir, avant que de lui demander officiellement les conditions auxquelles Sa Majesté Impériale serait prête à faire la paix; Nous désirons donc lui menager toutes les apparences de l'initiative des propositions; Nous ne désirons pas moins d'appuyer par notre attitude les conditions de paix, sur lesquelles nous nous serions entendus. Rien assurément ne saurait être plus honorable que l'attitude dans laquelle, de cette manière l'Empereur Napoléon se trouverait placé aux yeux de la France et de l'Europe entière.

d. Les points sur lesquels nous désirerions nous entendre sont:

1o Le renforcement des Puissances intermédiaires, entre la France et la Russie, comme le moyen le plus sûr d'empêcher ces deux colosses de s'entre-choquer de nouveau.

L'éloignement de chances de troubles dans le flanc des intermédiaires et sur le front de l'Empire Russe, comme garantie de repos pour les trois puissances par conséquent la dissolution du Duché de Varsovie. Ce Duché, qui dans ces rapports actuels manque de tous les moyens de se soutenir, et qui par son essence ne peut qu'inquiêter ses voisins, et surtout la Russie et l'Autriche, offre tout ce qu'il faut pour reconstruire la Prusse sur une Echelle qui lui donnera des moyens d'existence, et pour rendre à l'Autriche une portion de territoire qui maintiendrait l'Equilibre entre Elle, la Prusse et la Russie. Si comme il n'est que trop naturel, l'Empereur de Russie visait à ne pas renoncer à tous les avantages de la guerre, et qu'il dût désirer en pro

duire quelques uns aux yeux de la nation, des portions du Duché sur la rive droite de la Vistule offriraient le moyen d'arriver à ce but.

2o La retrocession de l'Illyrie dans son étendue actuelle à l'Autriche. II serait inutile de citer les puissans motifs qui viennent à l'appui de ce voeu.

30 Un arrangement au moins éventuel relativement au départemens français en Allemagne, et surtout relativement aux villes anséatiques qui en dernier résultat pourrait se borner à un arrangement sur la rive droite de l'Elbe.

Nous regardons cette question comme d'un intérêt si général; la Russie, la Prusse, le Danemarc, l'Autriche enfin y sont tellement interessés, que nous n'hésitons pas de la placer dans la première ligne de nos voeux. Elle est sans doute très délicate à être touchée, mais il sera indispensable qu'elle le soit par nous d'avance, en ce qu'elle sera indubitablement agitée et soutenue avec beaucoup de chaleur et de droit par les Alliés.

Si la défaite des Alliés était très complète, vous auriez à placer ce 3. point moins explicitement, et vous le ferez dans tous les cas bien plus valoir comme une question tenant à un point de vue général qu'au seul point de vue Autrichien.

4o La question Espagnole; celle de la confédération du Rhin; beaucoup d'autres détails seraient renvoyés et remis a une négociation pour la paix générale, à laquelle l'Autriche ferait ce qui dépendrait d'Elle pour engager les puissances à accéder.

Vous aurez, monsieur le Comte, à faire entrevoir à l'Empereur des Français que dans le cas que Sa Majesté Impériale dût entrer dans ces points de vue, notre auguste maître m'autoriserait, pour éviter autant que possible toute perte de tems, de me rapprocher sur le champ des deux quartiers généraux, et que Sa Majesté Impériale appuyerait de toute la force de son attitude l'acceptation de ces conditions, comme bases de pacification.

Seconde chance.

Vous auriez, dans le cas que nul événement militaire n'eut marqué le tems de Votre absence du quartier Impérial, tout en vous expliquant dans le sens de l'instruction pour la chance 1., à mettre des nuances renforcées dans Vos explications sur le 3. point. Vous tâcheriez, en un mot, de préjuger moins la question vous même, et de renvoyer davantage à la négociation, pour laquelle je me rapprocherais des quartiers généraux ennemis. Vous appuyeriez beaucoup sur le désir de l'Empereur, de connaître à fond la pensée de l'Empereur Napoléon, pour prendre ses mesures en conséquence; Vous prendrez ad referendum ce que Vous pourriez promettre dans la première chance; Vous trouverez un prétexte pour colorer cette ligne de conduite, dans le manque de réponse précise de la part de Napoléon sur les questions de détail, dans vos conversations lors de Votre première séjour à Dresde.

Si dans les chances 1. et 2. l'Empereur des Français désirait vous mettre en contact avec monsieur le Duc de Bassano, et vous voir faire une démarche officielle, vous auriez à remettre à ce Ministre la Note ci-jointe en minute.

Troisième chance.

Votre conduite, dans la supposition d'une défaite de Napoléon, devra se nuancer beaucoup d'après sa véritable position.

Vous aurez, dans cette supposition, à lui dire, que les alliés ont porté à notre connaissance les bases qu'elles regarderaient comme pouvant servir à retablir en Europe un juste équilibre et que Vous êtes chargé de les porter à la connaissance de Sa Majesté Impériale de France.

Vous remettrez dans ce cas la Note ci-jointe No. 2 et vous ajouterez verbalement à monsieur de Bassano, que Vous êtes autorisé à assurer, que nos idées différent essentiellement de celles des Alliés tant sous le rapport de l'étendue que sous celui des détails de leurs prétentions, y compris celles en faveur de l'Autriche. En demandant à Napoléon une réponse et une contredéclaration, il ne vous sera pas difficile de faire remarquer, de quelles belles chances il dispose pour faire preuve de modération, et pour se mettre dans le cas de tirer par elle parti de notre attitude.

Il ne nous reste qu'à Vous mettre à même de repliquer à plusieurs phrases que Vous a dit l'Empereur des Français, que nous trouvons dans Votre rapport du 16. de Mai, et qui nous ont paru particulièrement de nature à devoir exciter notre attention. Je mettrai en opposition les paroles de Napoléon et nos

remarques.

10 Vos armemens ne peuvent être que contre moi, par ce que Vous m'avez dit de tous tems, que l'opinion du pays était trop prononcée contre moi, pour que l'Empereur d'Autriche puisse faire quelque chose en ma faveur.

Nous ne pouvons rien faire pour l'Empereur des Français — mais tout pour nos intérêts communs. Il s'agit donc de trouver ce point de contact, et rien ne saurait l'offrir plus naturellement que la cause de la paix, la plus populaire de toutes en Autriche, et des preuves matérielles et positives que l'alliance de l'Autriche et de la France procure du bien à la première. Tout ce qui est resulté jusqu'à présent de l'Alliance pour l'Autriche n'est que l'absence d'un mal direct et des charges qui ont pésé sur le peuple pour l'entretien d'un corps auxiliaire, uniquement destiné au soutien d'une cause française. Il suffit que Napoléon s'arrête aux moyens desquels nous avons dû nous servir, pour empêcher que l'appui que nous avons donné à la France ne devint entièrement impopulaire. Nous avons fait l'impossible pour prouver que la Russie troublait le paix.

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Ce prétexte nous manque en 1813; il dépend de Napoléon seul de prouver, que ce fait existe encore dans le moment actuel pour en tirer le même avantage. 20 Ce qui me tient le plus à coeur, c'est le sort du Roi de Rome; je ne veux pas rendre odieux le sang Autrichien en France.

Nul Souverain ne partage ce point de vue de l'Empereur des Français plus que l'Empereur d'Autriche. Sa Majesté Impériale ne désire pas plus que son gendre, de voir le sang Autrichien devenir odieux en France; Mais Elle a le droit de demander, que l'Empereur Napoléon ne rende pas la question française odieuse en Autriche.

30 Vous m'abandonnez parceque j'ai été malheureux.

Nous sérions sur le Rhin et en Piémont si cette thèse était juste. Elle répugne trop au caractère moral de l'Empereur François pour pouvoir être admise, si les faits mêmes ne la contredisaient. Vouloir procurer à la France et à l'Europe la paix vouloir cette paix sur des bases aussi modérées que le

sont les nôtres, ce n'est pas vouloir profiter des malheurs d'un Allié; c'est vouloir le servir.

4o Je regarde le traité de Paris comme rompu; si Vous êtes mes alliés, il faut en substituer un autre.

Nous sommes loin de partager cette opinion. Vous déclarerez de nouveau, que nous regardons le traité de Paris comme existant, et nous ne sautions rien changer à ses bases et à ses stipulations. Les articles secrêts présentent nécessairement des variations, le cas étant changé sous une infinité de rapports.

Vous direz au Duc de Bassano, que si l'Empereur Napoléon le désire, nous passerons un acte qui, en portant la validité du traité de Paris, renfermera une réserve sur les stipulations qui se trouveront ne pas être applicables aux circonstances du moment.

Je dois cependant vous prier, monsieur le Comte, de renvoyer tout le détail de cette question aux explications directes entre le Duc de Bassano et moi, et d'empêcher surtout que le Cabinet français ne parvienne à établir, que cette nouvelle transaction doive être un préliminaire à ses explications sur la paix.

50 Je vous charge de dire officiellement, que je suis prêt à faire des sacrifices pour la maison d'Autriche; je veux que mon beau père joue un beau rôle.

Vous aurez grand soin de dire, que vous vous êtes acquitté de cette communication officielle. Si Napoléon veut faire jouer un beau rôle à notre auguste maître, nous lui prouvons assurément, que nous ne visons pas à lui en faire jouer un mauvais. Cette question rentre du reste dans nos remarques sur la position No. 3.

60 L'Empereur admet que l'Autriche n'a point d'engagemens avec une autre puissance.

Vous pouvez protester officiellement de l'entière indépendance de notre auguste maître de tout lien politique, hormis avec la France.

Vous direz enfin, que l'idée d'un congrès général pour terminer la paix continentale nous paraîtrait entraîner des longueurs inutiles et impossibles même à admettre, vû le nombre de troupes rassemblées de toutes parts; qu'il nous paraissait qu'un accord pareil pourrait s'établir avec moins de détour; que l'Empereur, dans le cas d'une négociation, se transporterait, ou à Prague, ou dans tel autre lieu plus rapproché des quartiers généraux, et qu'en portant des paroles de paix à droite et à gauche, nous tâcherions de faire disparaître les obstacles; que les Ministres étant très rapprochés, ils pourraient se réunir d'un moment à autre; que cette paix pourrait être regardée comme les préliminaires de la pacification générale, qui assurément demanderait un congrès en règle.

Telles sont les lignes principales que nous pouvons vous tracer comme base de conduite. Elles vous convaincront, que l'Empereur continue à partir du point de vue général, que malgré la grande masse de forces matérielles qui déjà sont levées contre la France, et celles qui pourraient se joindre encore aux coalisés, il serait infiniment heureux de terminer le plutôt possible la lutte actuelle par un arrangement pacifique, Sa Majesté Impériale ne croit pas moins, qu'après les preuves de faux calculs et de fausses maneuvres des alliés, insister sur le mieux, pourrait dans plusieurs suppositions compromettre le véritable bien.

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