Mais de nos passions les mouvemens contraires, Il monte sur les vents, il marche sur les flots. Ces vers, hormis les quatre premiers, qui sont foibles et prosaïques, ont de l'élégance et de l'harmonie : ils sont fort supérieurs au style ordinaire de l'abbé du Resnel. Ces vers, et quelques autres répandus dans le reste de sa traduction, pourroient persuader, comme on l'a cru quelquefois, que Voltaire a fait, en se jouant, tout ce qu'on y remarque d'estimable. Seul dévora l'essaim des serpens de Memphis. La passion dominante, comparée au serpent d'Aaron, offre, au premier coup d'oeil, une image un peu bizarre; mais cette image a de l'éclat et de l'énergie. Cédons à la nature! elle seule est certaine, etc. Il ne faut pas croire que Pope se contredise, parce qu'il vient de peindre plus haut les dangers de la passion dominante. Cette passion est tour à tour utile ou funeste; elle produit les vertus ou les vices : la raison doit l'éclairer, mais non pas la détruire. Vois ce dur sauvageon, surpris d'être dompté, etc. Que cette figure juste et naturelle jette un éclat heureux sur la profondeur des idées! L'imagination du poète se réveille avec art d'intervalle en intervalle, pour ranimer. l'attention du lecteur, que pourroit un peu fatiguer la marche du philosophe. La même ambition fonde ou perd les États, etc. Voltaire, en développant ces idées, les a fort embellies. C'est ainsi qu'il fait parler Cicéron dans Rome sauvée : Apprends à distinguer l'ambitieux du traître. S'il n'est pas vertueux, ma voix le force à l'être. Je réponds de César; il est l'appui de Rome: J'y vois plus d'un Sylla; mais j'y vois un grand homme. Demande le vrai point que regarde le Nord. On sent, dans cette comparaison, toute l'originalité du génie anglais. Si on ne traduit pas ces sortes de traits avec exactitude, le poète étranger perd son caractère. Quel juste quelquefois ne rougit de lui-même ? C'est ainsi que Voltaire a dit dans le poëme de la Loi naturelle : On fuit le bien qu'on aime; on hait le mal qu'on fait. Et lorsque, pas à pas, amenant le dégoût, Le sens de ce passage est très-profond, et peut n'être pas saisi au premier coup d'œil. Les sentimens les plus doux de l'homme, tels que l'amour et l'amitié, naissent ΤΟ > 146 NOTES DE LA DEUXIÈME ÉPITRE. du besoin qu'il a des autres, de sa foiblesse qui ne lui permet pas de se suffire à lui-même. Jeune, il se livre à toutes les illusions qui viennent remplir son âme, sans en voir la vanité : mais dans l'âge mûr, quand il apprécie les honteux motifs, les misères, les dégoûts qui se mêlent aux passions les plus chères, il les méprise, il les abandonne sans peine. La même cause nous attache à la vie, et nous en détache. J'ai fait quelques légers changemens à l'original, vers la fin de cette épître : j'ai réuni les vers sur l'espérance, qui étoient dispersés mal à propos en deux endroits diffé rens; enfin, j'ai supprimé ce vers, In folly's cup still laughs the bubble, joy; « La joie, semblable à une bulle d'eau, rit dans la coupe de la folie. » J'ai cherché des images claires et plus analogues à notre goût, sans trop m'éloigner de celui des écrivains anglais. On n'a point cité tout ce qui, dans cette épître, est imité de Pascal : le volume de ses Pensées est si connu, qu'on y renvoie le lecteur. Je n'ai point voulu charger cet ouvrage d'un trop grand nombre de notes, malgré la mode. EPISTLE III. www HERE then we rest : «< The Universal Cause I. Look round our World; behold the chain of Love Combining all below and all above. See plastic Nature working to this end, See life dissolving vegetate again |