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roman rustique; elle était à peu près la même dans toute la France; seulement comme on allait au midi, on sentait qu'elle se rapprochait du latin, tandis que plus au nord l'allemand y dominait. Dans le partage fait en 842 entre les enfans de Louis-le-Débonnaire, pour la première fois on fit usage dans un acte public du langage du peuple, parce que le peuple devait y intervenir en prêtant serment avec son roi. Le serment de Charles-le-Chauve et celui de ses sujets, sont les deux plus anciens monumens de la langue romane qu'on ait conservés; ils sont aussi rapprochés du provençal que de ce qu'on a nommé depuis roman wallon.

"Mais le couronnement du roi d'Arles, Boson, en 879, partagea la France romane en deux nations, qui demeurèrent quatre siècles rivales et indépendantes. Ces provinces semblaient destinées à être toujours habitées par des races différentes. César avait remarqué que de son temps les Aquitains différaient des Celtes par la langue, les mœurs et les lois. Dans le pays des premiers on vit s'établir les Visigoths et les Bourguignons; dans le pays des seconds, les Francs; et la division des deux monarchies établie à la fin de la dynastie carlovingienne, ne fit peut-être que confirmer une division plus ancienne entre les peuples. Leur langage, quoique formé des mêmes élémens, s'éloigna toujours plus; les peuples du Midi se nommèrent Romans-provençaux, et ceux du Nord unirent au nom de Romans qu'ils prenaient, celui de Waelches, ou Wallons, que leur donnaient leurs voisins. On nomma encore le provençal langue d'Oc, et le Wallon langue d'Oïl ou d'Oui, selon le mot par lequel l'affirmation était exprimée dans l'un et dans l'autre dialecte; de la même manière on appelait alors l'Italien langue de si, et l'allemand langue de ya." Tom. I. P. 254,

From this extract, it is perfectly clear, that M. Sismondi pretends the language of the oath taken by the subjects of Charles the Bold, that is, the vernacular tongue of Gaul, in the year 879, to have become two different languages, because thirty years after, Boson divided France into two nations; and that from one arose the langue d'Oc, or Provençal language, and from the other, the langue d'Oui, or old French, which he calls Roman Wallon.

.

We beg the reader to pay particular attention to these two positions; while we shall listen again to M. Sismondi.

"Une province de France, la Normandie, reçut dans son sein, au dixième siècle, un nouveau peuple du Nord, qui, sous la conduite de Rollo, ou Raoul-le-Danois, s'incorpora avec ses anciens habitans. Ce mélange introduisit dans le roman de nouveaux mots et de nouvelles constructions allemandes; cependant l'esprit de vie qu'apportèrent les conquérans dans cette province, leurs bonnes lois, leur bonne administration, et la détermination que prirent les vainqueurs d'apprendre et de parler la langue des vaincus, formèrent et policèrent plutôt le roman wallon en Normandie

qu'en

amour

qu'en aucune autre province de France. Rollo fut reconnu pour duc en 912, et un siècle et demi plus tard, un de ses successeurs, Guillaume-le-Conquérant, avait tellement attaché son propre et celui de sa nation à la langue romane, qu'il l'introduisit en Angleterre, et qu'il s'efforça de la substituer, par des lois rigoureuses, au langage du peuple vaincu, qui était presque celui de ses ancêtres." Vol. I. p. 258.

From this statement, it is equally manifest, that M. Sismondi asserts, that the language which William imported into England in the year 1066, was the French Wallon, or langue d'oui; but our author has already stated, that this language began to differ from the general language of Gaul in the year 879, when Boson divided the whole country into two nations: now William invaded England in the year 1066, that is 107 years after Boson; if therefore the statement of M. Sismondi be true, at the time of William, the Norman French, or Roman Wallon of our author, must have differed from the Provençal language just as much as this latter differed from Spanish. Now what will M. Sismondi say to our asserting that this by no means was the case. What we shall urge is nothing else than a song or descort, written in the Provençal, Italian, French, Gascon, and Spanish languages, just as they were spoken at the time, by Rambent de Vaqueiras, a Troubadour, who died in the year 1226, that is 160 years after William, and not less than 267 years after the separation made by Boson, when of course these two languages, Provençal and Wallon, must have reached the utmost degree of difference that could ever exist between them. We quote it from a memoire of Mr. La Curne de St. Palaye, which is to be found in the Memoirs de l'Academ. des Inscrip. 4to. vol. 26, p. 640.

Ist Stanza.

IId Stanza.

Provençal Language.

"Aras quan vey verdeyar,
Pratz e vergiers e boscatges;
Vuelh un descort comensar,
D'amor per que vauc aratges:
C' una dona m sol amar,
Mas camiatz les son coratges;
Per qu' ieu fauc dezacordar,
Los motz els sos els lengàlges.

Italian Language.

"Ieu sui selh que be non ayo,
Ni anqueras non l' auero;
Per Abrilo ni per Mayo,
Si per Madona no l' 0:

Et

IIId Stanza.

IVth Stanza.

Vth Stanza,

Provençal.

Italian.

French.

Gascon.

Spanish.

Et entendo son leguagó,

Sa gran beutat dire no so;
Plus fresca es que flor de glaio,
E io no m' en partiro.

French Language.
"Belha doussa Dama chera,
A vos mi don e m'autroy;
Ta n'aurai mes joy entera,
Se no mos ai e vos moi.
Molt estes mala guereya,
Se ja muer per bona foy
Solas per nulha maniera
No m partrai de vosta loy.

Gascon Language.

"Dauna io mi rent a bos,
Luar eras m' es bon e bera,
Ancse es guallard e pros,
Ab que nom fossetz tan fera.
Mout abetz beras faissos,
Ab color fresqu' e novera,
Bos m'abetz esi eu'bs ag os;
No 'm so frahera fiera.

Spanish Language.

"Mas tantemo vostre pleido,
Todon soi escarmentado.
Per voi ai pue e maltreito,
E mon corpo lazerado.
La nueit quan jatz e mon leito,
I soi mochatz ves resperado.
Pro vos cre e non proferto,
Falhit sos en mey evitado,
Mai
que falhir non cuideso.

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From this descort it is evident that the French and the Provençal languages, that is, the langue Wallon and the langue Romane of M. Sismondi, were by no means so different as he pretends. They differ among themselves so very little, that they stand in regard to each other just in the same light as the dialect which is now spoken in Sicily, to that which is used by the Calabrians. Indeed the similarity which exists between the Provençal and the French is so very great, that the reader would have found no difference at all, had he not been told that the first and the third stanzas of this descort were written in two different languages.

We are sorry we cannot dwell any longer on the absurdity of the system which wishes to make so wide a difference betweenthe languages which were spoken in the South and North of France at the time of the Troubadours. In a former number, we stated at full length the real theory concerning the Provençal language, and on the authority of the Abbé Massieu and Mr. La Curne de St. Palaye, we observed that the vulgar Latin which was spoken in Gaul, during four centuries after the conquest of the Romans, was the mother tongue of the langue Romance, which, with very little alteration, produced the old French, which, in the hands of the writers who flourished under the reign of Louis XIV. became what we now call French language.

This fact, however, does not suit M. Sismondi. Having espoused the system that the Normans were the inventors of Romance, he divides the Provençal poets into two sects, of Troubadours properly so called, who spoke the langue Romance and were lyric poets, and Trouveres by far superior to the Troubadours, who spoke the langue Wallon, and wrote the first epic Ro

mances.

"Il semble qu'à la réserve d'une différence dans la langue, les troubadours et les trouvères, égaux à peu près en mérite, également instruits ou ignorans, également appelés à vivre dans les cours, et à y produire leurs inventions et leurs poésies, également entremêlés avec les chevaliers, également, enfin, accompagnés de jongleurs et de ménétriers, devaient se ressembler dans toutes. leurs productions; rien n'est plus different, cependant, que les ouvrages de ces deux classes d'hommes. Presque tout ce qui nous est resté de la poésie des troubadours est lyrique, presque tout ce qui nous est resté de celle des trouvères est épique. Les Provençaux réclament, il est vrai, contre le jugement qu'on a porté de leurs poètes, auxquels les partisans des trouvères ont refusé tout esprit d'invention; ils disent que dans plusieurs poëmes des troubadours

troubadours * on voit l'énumération d'un grand nombre de nouvelles, de romans et de fables, qu'un jongleur devait savoir, pour plaire dans les cours, et qui sont ou perdus, ou conservés seulement en langue d'oil; ils ajoutent que parmi les poésies des trouvères, plusieurs paraissent d'origine provençale, puisque le lieu de la scène est souvent en Provence, et ils supposent que les trouvères s'étaient contentés de traduire des romans et des fabliaux, dont ils n'étaient point les inventeurs. Mais ce serait un hasard bien étrange que celui qui aurait conservé uniquement les chants des Provençaux, et les contes des Français, si le génie des deux nations n'était pas, sous ce rapport, essentiellement opposé.

"L'histoire de chaque troubadour a été écrite à plusieurs reprises; celles qui ont été publiées par Nostradamus, celles qui ont été rassemblées par M. de Sainte-Palaye, et reproduites par Millot, sont toutes romanesques; ce sont des amours avec de grandes dames, des souffrances, des hauts faits de chevalerie: les trouvères sont beaucoup plus obscurs, on sait à peine le nom de quelques-uns d'entre eux, on ne connaît presque rien de l'histoire des plus célèbres, ou si l'on en conserve quelques traits, ils n'ont rien de piquant ou d'aventureux.

"Les trouvères nous ont laissé des romans de chevalerie et des fabliaux; les premiers sont le vrai titre de gloire des douzième et treizième siècles. Toute la chevalerie qui apparaît tout à coup dans ces romans, cet héroïsme d'honneur et d'amour, ce dévouement des plus forts aux plus faibles, cette noblesse, cette pureté de caractère, partout présentée pour modèle, et presque toujours triomphante des plus fortes épreuves; cesurnaturel si nouveau, si différent de ce qu'on avait vu et dans l'antiquité et dans les inventions des autres peuples, supposent une force, un brillant d'imagination que rien n'a préparé, que rien n'explique." Tom. I. p. 263.

To explain this difficulty our author very properly observes.

"On se retourne de tous les côtés pour chercher les premiers inventeurs de l'esprit chevaleresque qui brille dans les romans du moyen âge, et l'on est toujours également confondu, quand on voit combien cet élan du genié était peu préparé. En vain chercherait-on dans les mœurs ou dans les fables des Germains l'origine de la chevalerie; ces peuples, quoiqu'ils respectassent les femmes, et qu'ils les admissent dans les conseils et le culte des dieux, avaient pour elles plus d'égards que de tendresse; la galanterie leur était inconnue, et leurs mœurs braves, loyales, mais rudes, laissaient peu prévoir un si sublime développement du sentiment et de l'héroïsme; leur imagination était sombre, les pouvoirs surnaturels auxquels la superstition les faisait croire,

«Entre autres, dans les Conseils au Jongleur, de Giraud Calanson, dont nous avons donné l'extrait, et qui se rapportent à l'an 1210. Voyez Pappon, Lettres sur les Troubadours, p. 225 à 227.”

étaient

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