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s'ouvrent & fe dévoilent, l'imagination employe tous fes reffors, & par fes funeftes artifices, les épanchemens du cœur, la fécondité de l'efprit, tout fe répand fur ce foible avec une influence pernicieule.

C'EST la nature qui donne la naiffance à cette paffion; c'eft l'habitude qui la nourrit. L'efprit, la vivacité, les talens ne font qu'en angmenter la malignité. La raifon même en équite la pointe, en redouble la force, ainfi que les rayons benins du Soleil augmentent l'acidité du vinaigre. Sujets malheureux d'une puiffance légitime, mais foible; croyant n'obéir qu'à la raifon c'eft à une de fes favorites que nous obéiffons. Hélas! puifqu'elle ne nous donne pas des armes auffi-bien que des regles, que peut-elle faire de plus, que de nous faire connoître notre foibleffe Accufatrice févere, mais impuiffante amie, elle nous aprend à plaindre nôtre nature, mais non point à la corriger; ou, de juge devenant avocate, elle nous perfuade le choix que nous faifons; s'il eft fait, elle le juftifie. Cependant fiere d'une conquête aifée, elle enchaîne de petites paffions pour en faire triompher une plus puiffante. C''eft ainfi qu'un Médecin s' imagine avoir chaffé les humeurs, lorfque ces humeurs fe raffemblent & produifent la goûte.

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non

Ouy, le chemin de la nature doit être préféré. En ce chemin, ce n'eft point la raifon qui doit nous fervir de guide mais elle doit être nôtre escorte; elle eft pour rectifier pour renverfer; elle doit traiter la paffion dominante plus en amie, qu'en ennemie. Une puiffance fupérieure à la raifon, DIEU même donne cette forte impulfion pour diriger les Hom

mes

10

This drives them conftant to a certain coast.
Let pow'r or knowledge, gold or glory, please,
Or (oft more strong than all) the love of eafe; 170
Thro' life 'tis follow'd, ev'n at life's expence:
The Merchant's toil, the Sage's indolence,
The Monk's humility, the Hero's pride
All, all alike, find Reafon on their fide.

TH' ETERNAL ART,educing good from ill, 175 Grafts on this paffion our best principle: 'Tis thus, the mercury of Man is fix'd, Strong grows the virtue with his nature mix'd; The drofs cements what else were too refin'd, And in one int'reft body acts with mind.

180

185

AS fruits, ungrateful to the planter's care, On favage ftocks inferted, learn to bear; The fureft virtues thus from paffions fboot Wild nature's vigour working at the root. What crops of wit and bonefty appear From Spleen, from obftinacy, hate, or fear! See anger, zeal and fortitude fupply ; Ev'n av'rice, prudence; sloth, philofophy; Luft, thro' fome certain ftrainers well refin'd, Is gentle love, and charms all womankind; Envy, to which th' ignoble mind's a slave, Is emulation in the learn'd or brave; Nor virtue, male or female, can we name, But what will grow on pride, or grow on shame.

190

THUS

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mes vers les fins différentes qu'il ordonne. Agités
par leurs autres paffions, comme par des vents

changeans, ils font par la paffion dominante

conftamment jettés à une certaine côte. Qu'on
foit épris d'amour pour la puiffance ou pour le
fçavoir, pour l'or, pour la gloire, ou pour le
repos (paffion fouvent plus forte que toutes les
autres) toute la vie l'on poursuit fon objet,
même aux dépens de la vie. Le travail du
Marchand, l'indolence du Philofophe, l'humili-
té du Moine, la fierté du Héros; tout trouve
également la raifon de fon côté.

Les paffions

' fervent à ñ

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L ARTISAN éternel, tirant le bien du mal, ente fur cette paffion nos meilleurs principes xer nos prinC'eft ainfi que le mercure de l'Homme eft fi. cipes. xé; la vertu mêlée à fa nature en devient plus forte; ce qu'il y a de groffie confolide ce qui feroit trop rafiné: unis d'térêt, le corps & l'efprit agiffent de concert

La

COMME d'un fauvagn greffé, les fruits
auparavant ingrats au fin du Jardinier, naiffent
avec abondance; de même les plus folides ver-
tus naiffent des paffions: la vigueur d'une natu-
re fauvage en fortifie la racine. Quelle fource
d'efprit & de vertu découle du chagrin ou de
l'obftination, de la haine ou de la crainte
colere donne du zele & de la force; l'avarice
même augmente la prudence, & la pareffe entre-
tient la Philofophie; le plaifir rafiné & refferré
dans de certaines bornes, devient un amour hon-
nête, & dont les doux transports charment la
délicateffe du Sexe; l'envie qui tirannise une
ame baffe, eft émulation dans les Sçavans ou dans
les Guerriers: l'on ne trouve enfin dans l'Hom-
me ni dans la Femme aucune vertu qui ne

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D 2

puif.

THUS Nature gives us ( let it check our pride) 195 The virtue nearest to our vice ally'd ;

Reafon the bias turns to good from ill,
And NERO reigns a TITUS, if he will.
The fiery foul abbor'd in CATILINE,

In DECIUS charms, in CURTIUS is divine: 200
The fame ambition can destroy or fave,

And makes a patriot, as it makes a knave,

1

IV. THIS light and darkness in our chaos join'd, WVbat fball divide? The GOD within the Mind,

EXTREMES in nature equal ends produce, 205 In Man they join to fome mysterious use; Tho' each by turns the other's bound invade, As in fome well-wrought picture, light and fhade, And oft fo mix, the diff'rence is too nice Where ends the virtue, or begins the vice.

210

FOOLS! who from hence into the notion fall, That Vice or Virtue there is none at all. If white and black blend, foften, and unite A thousand ways, is there no black or white? Ask your own heart, and nothing is fo plain; 215

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puiffe venir de l'orgueil ou de la honte.

vice & de la

mité de leurs

néanmoins

LA nature (que notre orgueil foit humilié Mélange du par cette réfléxion) nous donne ainfi pour ver vertu, proxitus celles qui font les plus voifines & les plus limites; leur étroitement alliées à nos vices. La raifon dé diftinction tourne le penchant de la paffion, du mal vers certaine & le bien. Si NERON l'eût voulu, il eût regné évidente. comme Tirus. Le courage fougueux que l'on abhorre dans CATILINA, charme dans DECIUS eft divin dans CURTIUS. La même ambition. produit ou la perte ou le falut, infpire la trahifon ainfi que le zele de la Patrie.

IV. Qui peut féparer ces lumieres & ces ombres réunis dans notre cahos, fi ce n'eft le DIEU qui eft au-dedans (a) de nous-mêmes?

DANS la nature, les extremes produifent des fins égales; dans l'Homme, ils fe confondent pour quelque ufage merveilleux ; quoique l'un empiete alternativement fur l'autre, ainfi que les ombres & les lumieres dans de certains tableaux d'un travail fini, & quoique fouvent le vice & la vertu foient fi mêlangées, que la dif férence entre les bornes où finit l'une, où commence l'autre, devient trop délicate pour être

aperçue.

O QUELLE folie, d'inférer de-là qu'il n'y a ni vices ni vertus Parce que le blanc & le noir feront mêlangés, adoucis, fondus ensemble de mille manieres différentes, n'y aura-t-il donc plus ni de noir, ni de blanc? Sondez votre pro

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(a) Qu'il me foit permis de citer un paffage tiré des Principes de la Foy Chrétienne, où fe trouve la même expreffion à l'égard de DIEU." Ils croient (dit t "Auteur en parlant des impies) Dieu abfent . . . Ils ne fçavent pas qu'il eft dedans d'eux-mêmes; qu'il eft

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